ALLSTATE 1952 - 1953

Ecrit par René St-Cyr | 2018-05-04

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Aujourd’hui, la compagnie Sears Roebock a perdu beaucoup de son éclat et de son influence, qu’elle avait eue, tout au long du vingtième siècle.  À cette époque, ses dirigeants prenaient bien soin de masquer le nom de ses fournisseurs, à ses clients, pour les remplacer par celui de Sears.

Une des rares exceptions à cette politique fut celle de la Allstate.  Sears, ne voulant sans doute pas engager des sommes astronomiques en recherche et développement, pour construire une automobile. Une étude du marché orientait la décision de choisir une voiture fabriquée par la compagnie Kaizer-Fraiser.  De plus, les gestionnaires de cette compagnie et ceux de Sears se connaissaient bien, car la Kaizer-Fraiser fabriquait   les batteries de cuisine et toutes les chaudronneries vendues par Sears.

La nouvelle HenryJ , étant de petite taille, elle fut choisie pour devenir la nouvelle voiture à être vendue par la Sears Roebock.  Le gestionnaire Theo V. Houser fut choisi pour représenter la compagnie Sears et négocier auprès de Henry Kaizer.  Ce dernier avait fait fortune, pendant la Deuxième Guerre mondiale, en fabriquant des péniches de débarquement et des bateaux de transport maritime, connus sous le nom de Liberty ships.  La guerre terminée, Henry Kaizer utilisa sa fortune pour se lancer dans fabrication des automobiles de marque Kaizer et Fraiser.

Il est toutefois à noter que la compagnie Sears n’en était pas à sa première intrusion dans la vente des l’automobiles par catalogue.  La première date de l’année 1906

alors que le catalogue Sears annonçait une voiture à grandes roues, montées sur des bandes de caoutchouc de 2 pouces de large.  Elle était motorisée par un moteur avec deux cylindres couchés., refroidi à l’air.  Elle était offerte dans le célèbre catalogue Sears, sous le numéro de commande 21 R 333.  Environ 3 500 voitures furent vendues, jusqu’en 1911.

L’ un des acheteurs écrivait, au siège social de Sears, à Chicago, pour manifester sa joie de posséder une Sears.  Il écrivait, cette auto bat le cheval.  Elle ne mange pas, si elle ne travaille pas. Elle se tient, sans se gratter, et surtout, elle n’a pas peur des automobiles…

Plusieurs dessins furent faits de la Kaizer, sans que rien de concret n’en sorte.  Il fallut attendre l’arrivée de la Henry J, en 1950, pour avoir le véhicule idoine, répondant aux attentes de la clientèle de Sears.  Les gestionnaires, chez Sears, prenaient la décision d’assembler une quantité limitée de Henry J, pour Sears.

Les concessionnaires  Kaizer-Fraiser n’appréciaient pas du tout de devoir être en concurrence avec un magasin à rayons, qui vendait des autos par catalogue.

Edgar Kaizer, fils de Henry, fut envoyé, toutes affaires cessantes, avec comme mission de rassurer les concessionnaires, sur les intentions de la compagnie, en leur expliquant que cette expérience se fera sur une petite échelle et que les véhicules étaient expédiés surtout vers les États du sud où le réseau des concessionnaires Kaizer-Fraiser était plutôt clairsemé.

Bien qu’à l’époque, les concessionnaires étaient demeurés dubitatifs, l’avenir devait donner raison à Edgar.

La conception de la nouvelle voiture continua.  La mission qui fut confiée à Alex Tremulis, le stylicien, fut de faire des changements cosmétiques les plus susceptibles de modifier l’apparence de la Allstate, afin de la différencier au maximum de la HenryJ. 

Il changea la calandre, ajouta deux feux de position, un emblème en forme d’avion à réaction, inséra les lettres Allstate, sur un profil d’une carte des États-Unis.  Sous le capot, le quatre cylindres de Jeep ou le six cylindres de Willys étaient peints en bleu, lettrés Allstate en orange.  

Voilà pour l’extérieur.  L’intérieur d’une Allstate se distinguait, plus que l’extérieur.  La qualité des matériaux utilisés était nettement supérieure.  Les garnitures étaient d’un coloris attrayant, fabriquées de carton, enduit de vinyle.  Ce matériau avait prouvé sa durabilité, en mer.  Il recouvrait les câbles de téléphones transatlantiques.

Les sièges étaient confectionnés avec un tissu piqué de fils de plastiques.  Ce tissu évitait au propriétaire de Allstate de devoir acheter des couvre-siège, ce qui à cette époque était pratiquement un incontournable, pour l’acheteur d’une voiture neuve.

Naturellement, pour avoir droit à tout ce luxe, il fallait acheter le modèle haut de gamme.  Le modèle bas de gamme offrait des tissus beaucoup plus sobres.

Les autres équipements offerts sur le modèle De Luxe étaient le bouton du Klaxon, sans le K de Kaizer, la boite à gants, les accoudoirs et les pare-soleil.  Qui pouvait en demander plus?

Tout ce qui concernait les pièces d’automobile, telles que les pneus, les chambres à air, les batteries, les bougies, etc.,  étaient, bien entendu, fourni par Sears.  Ces pièces étaient garanties par le magasin Sears.

La Allstate elle-même offrait une garantie de 90 jours, ou 4 000 milles, soutenue par Kaiser-Fraiser.  Certains disaient que c’était un maximum, pour cette voiture.  Toutefois, il ne semblait pas que cette voiture avait une mécanique de si mauvaise qualité, pour lui mériter tant de sarcasmes.

Si vous avez la chance de mettre la main sur un catalogue Sears 1952, vous trouverez une photo d’une rutilante Allstate, en dernière page.  Dès l’année suivante, la Allstate était disparue du catalogue Sears.  L’aventure avait pris fin, les gestionnaires  avaient réalisé que ce projet n’avait que peu d’avenir.

Lors de son lancement, la Allstate devait être, en théorie, présente à tous les magasins Sears, afin d’aguicher les futurs acheteurs, partout, aux États-Unis.  En fait, elle fut présentée seulement qu’aux magasins situés dans les États du Sud du pays.  Il ne semble pas qu’il y en ait eu de vendues dans les États du Nord, et encore moins dans le plus meilleur pays, le Canada.

Cette pauvre Allstate avait pratiquement tout contre elle.  Son pire argument de vente était certainement son prix de vente.  Une Allstate d’entrée de gamme avait un prix de vente fixé à 1 395,00 $.  Le prix de vente moyen de celles qui se sont vendues se situait à 1 600,00 $.  Les ventes n’ont jamais décollé .  L’individu qui achète une automobile ne désire pas acheter une photo dans un catalogue.  Il a besoin de la toucher, de s’assoir dedans, écouter et voir son moteur…La Allstate a donc été un fiasco à cause de sa présentation à son public et de ses prix de vente trop élevés.  Quand vous avez le choix entre une Allstate quatre cylindres, à 1 600,00 $ contre une Ford deux portières motorisée par un moteur V-8, à 1 500 $, ou une Chevrolet six cylindres à 1 550,00$, le choix était prévisible et facile à faire.

Quelques Allstate furent vendues, en 1953, pour se débarrasser des invendues, après quoi Sears abandonna ce marché.  Des 2 400 Allstate vendues, trois sur cinq étaient des quatre cylindres, les autres, étaient des six cylindres.

 

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