Ford a été la marque d’automobile qui a inventé l’automobile de taille intermédiaire, en 1962. Robert McNamara occupait le poste de président de la Division Ford, à la fin des années cinquante. Il avait un esprit pragmatique. Il se désolait de voir la taille des automobiles, grossir, d’année en année. Il était parvenu à imposer la Falcon, comme voiture compacte, mais il réalisa le gouffre qui séparait cette dernière et la Ford. Pour le combler, il mit en branle la conception d’une auto aux dimensions intermédiaires, qui porta le nom de Fairlane. Elle fut mise sur le marché en 1962. Comme la Falcon, elle était une auto, bâtie simplement pour transporter ses passagers du point A au point B, sans rien de tape-à-l’oeil.
La première génération de Fairlane, 1962 — 65 devait ses mensurations à celles des Ford 1955 — 56. Sa plateforme était inspirée de celle de la Falcon, bien que sa carrosserie fut plus longue de 16,5 pouces et plus lourde de 500 livres que cette dernière. Elle était néanmoins plus courte de 11,7 pouces, et plus légère de 800 livres, comparativement à celle de la grosse Ford. Le dessin de sa carrosserie était inspiré de celui des Ford 1957 — 59.
Pris au dépourvu, chez GM, on avait mis la photocopieuse en marche, pour en faire une copie en quatre versions, une pour chacune des Divisions; Chevrolet Chevelle, Pontiac Tempest, Oldsmobile F-85 et Buick Special. Buick et Oldsmobile conservaient ainsi les noms de leurs compactes de 1961, tout en changeant leur taille pour devenir des intermédiaires, avec 115‘’ d’empattement.

Chez Ford, avec les dimensions réduites de la nouvelle Fairlane, le moteur six cylindres Ford, de 223 p. c. ne pouvait être utilisé, pas plus d’ailleurs, que le V-8 292. Le nouveau six cylindres de 170 p. c. de la Falcon fut donc mis à contribution, comme moteur attitré, alors que le V-8 292 fut remplacé par le V-8 221, en version 260 p. c., offert en option. Il s’agissait du moteur V-8, à parois minces, produit grâce à une nouvelle technologie en métallurgie, mise au point par Ford. Il était le moteur V-8 le plus léger de son époque.
La Fairlane 1962 était offerte en modèle berline, à deux et quatre portières, en version Fairlane et Fairlane 500.
La Fairlane fut bien reçue du public, avec des ventes de 297 116, à la fin de la première année. De plus, ces ventes avaient été enlevées à GM et Chrysler, plutôt que d’avoir cannibalisé celles de la Falcon et de la Ford.
En 1963, une Fairlane à toit rigide et une familiale furent ajoutées au catalogue des ventes. Quelques changements mineurs furent apportés à la carrosserie, qui demeura la même, jusqu’en 1965. Cette année-là, les lignes de son dessin devinrent angulaires, ce qui donna un succès mitigé, en ce qui avait trait aux ventes.
Au cours de cette période, la mise à jour du dessin de la Fairlane avait été réduite à son minimum. Tous les styliciens étaient occupés à finaliser le dessin de la Mustang, avec Lee Iacocca, qui se tenait derrière eux, pour mieux leur pousser dans le dos. Après le lancement de la Mustang, le 17 avril 1964, avec le succès qu’on lui connait, la pression diminua, dans les studios, chez Ford. Les styliciens portèrent donc toute leur attention sur la Fairlane, qui en avait bien besoin. Ils remodelèrent sa carrosserie, en utilisant comme modèle les grandes lignes du dessin des Ford Galaxie 500 et 500 XL. Bien que sa carrosserie était entièrement nouvelle, elle était toujours de type monocoque, dont l’origine remontait jusqu’à la Falcon 1960. Le cadre avant avait été isolé du plancher, afin d’éliminer le plus possible le bruit et les vibrations de la route, un problème inhérent à ce type de carrosserie. Les ressorts hélicoïdaux et les ressorts à lames arrière furent grossis et la suspension avant fut modifiée pour être capable de supporter le poids des gros moteurs V-8.

Quand on la compare aux Fairlane angulaires 1962 — 65, la Fairlane 1966 a un style parfaitement intégré, à l’extérieur comme à l’intérieur, dans ses plus infimes détails. Offerte en 13 modèles, repartis en cinq séries, elle était, et est encore aujourd’hui agréable à l’oeil, avec un profile plus aérodynamique. Les berlines continuaient d’utiliser le toit angulaire, à la Thunderbird. Les Fairlane deux portières à toit rigide utilisaient un toit profilé, qui fusionnait parfaitement avec le coffre arrière. Les phares avant étaient disposés verticalement, dans un boitier chromé, à l’extrémité des ailes. Celui du haut était légèrement plus avancé que celui du bas. Sa calandre était décorée de baguettes noires disposées à l’horizontale. Elles étaient séparées par une barre chromée, ornée en son centre, par un médaillon contenant le logo de Ford.
Les ailes avant étaient légèrement aplaties, sur le dessus. Elles rejoignaient celles de l’arrière, qui elles, étaient gonflées et arrondies. Les styliciens avaient résisté à la tentation de mettre du chrome à outrance. Ils avaient au contraire fait part d’une retenue de bon gout, se limitant à décorer les flancs par seulement deux nervures dans la tôle, une à la hauteur de la ceinture de caisse, la deuxième sur le bas de caisse. À l’arrière, le même thème que celui des Ford 1965 avait été utilisé, soit des feux de position rectangulaires et un couvercle de coffre carré. L’empattement avait été allongé, en 1965, à 116 pouces, afin de répondre aux normes de la NASCAR. Preuve que Ford se préparait à utiliser la Fairlane pour défendre ses couleurs sur les pistes de course. Le moteur d’entrée de gamme de la Fairlane était le six cylindres de 200 p. c. de 120 ch. La transmission manuelle avait les rapports deux et trois synchronisés. Toutefois, avec le nouveau V-8 289, offert en option, la transmission manuelle qui l’accompagnait avait les trois rapports synchronisés, une première dans le monde de l’automobile. Le seul choix qui s’offrait aux amateurs de hautes performances était le V-8

Pour sa cinquième année, la Fairlane fut classée en deux groupes. La Série 30 offrait des berlines deux et quatre portières et une familiale à quatre portières, d’entrée de gamme. Plus luxueuse, la Série 40 englobait la Fairlane 500, berline deux et quatre portières, la Fairlane deux portières, à toit rigide, les 500 XL et GT, plus une familiale DeLuxe et la nouvelle Squire. Les Fairlane GT portaient le nom GT, quand leur transmission était manuelle et GTA, quand elle était automatique.
Quelques changements esthétiques mineurs furent apportés aux modèles 1967, tels que la calandre qui avait trois barres verticales. Les sigles chromés, GT et GTA remplaçaient les écussons, les feux arrière étaient différents. Sur le capot, les deux bandes chromées furent remplacées par deux dômes, peints de la même couleur que les bandes décoratives, collées sur le bas de caisse, ainsi que quelques autres changements mineurs.
Notre vedette, qui est une GTA, est motorisée par le V-8 289. Quand elle a été trouvée, elle était un cas désespéré. Pour être restaurée, elle a dû subir une foule de transplantations de pièces et des centaines d’heures de travail, dont les résultats sont probants. Son propriétaire, M. Ronald Loubert, peut à juste titre, se présenter fièrement aux concours d’élégance, au volant de sa rutilante Fairlane GTA 1967.