IMPERIAL SOUTHAMPTON 1956

Ecrit par René St-Cyr | 2014-06-06

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Au début de l’histoire de l’automobile, alors que les mécaniques devenaient de plus en plus performantes et surtout plus fiables, plusieurs fabricants européens se tournèrent naturellement vers les têtes couronnées et la haute bourgeoisie, soit là où étaient et sont encore les fortunes.  C’est ainsi que des compagnies telles que Delahaye, Peugeot, Renault, Hispano-Suiza et Bugatti, en France, Daimler, Maybach et Mercedes, en Allemagne, Daimler et Rolls-Royce, en Angleterre, pour n’en nommer que quelques-unes, se vouèrent à la fabrication d’automobiles de prestige.

En Amérique du Nord, faute de rois, les marques américaines s’adressèrent aux capitalistes et aux bien nantis.  Ils offraient des intérieurs somptueux, avec des carrosseries imposantes, montés sur des châssis longs et confortables, motorisés par des V-8, des V-12 et même des V-16.  Des marques telles que Duesenberg, Pierce-Arrow, Peerless, Packard, Marmon, Auburn, Cord, Cadillac, Lincoln et la Chrysler Imperial.

Puis, arriva la grande dépression économique de 1929.  De cette période noire, seulement Packard réussissait à survivre par elle-même.  Toutes les autres marques étaient disparues.  Cadillac, Imperial et Lincoln devaient leur survie à leur compagnie mère, GM, Chrysler et Ford.

Après la Deuxième Guerre mondiale et celle de Corée, la prospérité revenait.  L’année 1956 était la dernière pour la marque Packard.  Elle emprunta les carrosseries de Studebaker, avant de disparaitre définitivement, en 1958.

L’économie était en pleine expansion, en 1956.  Sur les 6 295 580 automobiles vendues, au cours de cette année, 246 867 étaient des voitures haut de gamme.  Cadillac, trônait avec 154 631, suivie de Lincoln, avec 50 323, Packard, avec 28 805 et Imperial, avec 10 628 et la nouvelle Continental Mark II fermait la marche, avec 2 413.

Les ventes des autos de prestige ne représentaient que quatre pour cent du marché.  Cependant, leur marge de profit était très élevée, ce qui faisait, de ce créneau du marché, un marché très lucratif.

Au cours des années cinquante, Cadillac dominait outrageusement le marché de la voiture haut de gamme.  À cette période, le public était plutôt attiré par un style tape à l’oeil.  Chez Cadillac, on avait bien décodé cette tendance.  Ils appliquaient du chrome pratiquement à la truelle, tout en produisant des carrosseries au dessin extravagant.  Ainsi, la Lincoln avec sa carrosserie plus sobre et l’Imperial avec sa silhouette angulaire et trapue voyaient la demande pour leur produit demeuré plus aléatoire

En plus, l’Imperial avait un autre désavantage, et ce depuis le début de son histoire, en 1924.  Elle était très peu différenciable des autres produits de la Chrysler.  En plus, elle était présentée, depuis le début, sous le nom de Chrysler Imperial.  Rien pour flatter l’égo de son propriétaire, qui était identifié par ses pairs comme étant au volant d’une voiture, de moindre valeur.  Ce nom composé avait également comme effet pervers de ne pas présenter la voiture avec une personnalité particulière, comme une Cadillac ou une Lincoln.  À cause de son nom, elle était perçue comme une auto de classe intermédiaire plutôt que de classe supérieure.   Avec une auto qui porte un nom prestigieux, un individu peut avoir à tort ou à raison, le sentiment d’avoir investi beaucoup de dollars, mais en contre parti, d’avoir acheté une vraie voiture luxueuse.

Après toutes ces années, quelqu’un chez Chrysler semblait avoir compris toutes ces nuances.  Ainsi, le 17 novembre 1954, la Chrysler Imperial disparaissait, pour être remplacée par l’Imperial.  Ne faisant pas les choses à moitié, l’Imperial avait une toute nouvelle carrosserie, depuis 1953, beaucoup plus moderne que celle des autres modèles produits antérieurement par Chrysler qui eux avaient encore celle préférée du président de la Chrysler Corporation, K. T. Keller, en forme de trois boites superposées.

L’influence du stylicien Virgil Exner s’exprima dans toute sa puissance, avec l’arrivée des modèles 1955.  Le style donné aux carrosseries des marques produites par Chrysler portait le nom de ForwardLook.  Soudainement, Chrysler prenait la tête de la stylistique automobile, faisant paraitre démodé, le style des autres marques.

En 1955, l’Imperial faisait son entrée, sur le marché, en tant que marque autonome, sans relation de dépendance avec la marque Chrysler.  Elle avait été dessinée sans compromis.  Sa carrosserie était inspirée de celle de la voiture concept Parade Phaeton 1952.  Ses intérieurs étaient confectionnés avec les meilleurs matériaux.  Montée sur un empattement de 130 pouces (149,5 sur la Crown Imperial).  La carrosserie était décorée par beaucoup de chrome, mais appliqué avec beaucoup de gout.

Son moteur Hemi d’une cylindrée de 331 p. c. utilisé depuis 1951 voyait sa puissance passée à 250 ch.  Il était vissé à la nouvelle transmission automatique PowerFlite, à deux rapports.  Cette dernière remplaçait, depuis 1953,la transmission semi-automatique Fluid-Torque, qui était dépassée depuis longtemps.

L’Imperial était offerte en modèle berline, quatre portières et Newport, à toit rigide.  Avec des ventes se chiffrant à près de 11 500, elles doublaient celles de 1954.  Par contre, celles de Cadillac étaient 10 fois supérieures, alors que celles de la Lincoln étaient cinq fois supérieures.  Visiblement, il avait place à amélioration...

L’empattement fut allongé de trois pouces, en 1956, pour atteindre 133’’.  La Newport changea de nom, pour adopter celui de Southampton.  Sous le même nom, on ajouta une carrosserie à quatre portières, à toit rigide.  Les feux arrière en forme de mire de carabine furent conservés.  Toutefois, les ailes arrière, sur lesquelles ils étaient montés, avaient été métamorphosées en ailerons.  Aucun changement ne fut apporté à l’avant.

Les changements mécaniques comprenaient la nouvelle cylindrée du V-8 qui fut portée à 354 p. c. et sa puissance augmentée à 280 ch.  Une autre nouveauté, chez Chrysler, fut la commande de la boite de vitesses automatique, qui de 1955 à 1963, se faisait par boutons poussoirs.  Les Imperial 1956 offraient de bonnes prestations, avec une économie d’essence surprenante, compte tenu de leur taille.  Elles étaient bien construites, une qualité qui se perdra, au cours des années suivantes.

Notre vedette fait partie de cette première génération d’Imperial à avoir coupé le cordon ombilical avec le nom Chrysler, du moins sur papier.  Elle appartient à M. Daniel Fortin.  Elle a été magnifiquement restaurée par M. Fortin lui-même.  Elle a été fabriquée en 2 094 exemplaires.  Son prix de vente était fixé à 5 094,00 $ (6 676, $ CAN).  Malheureusement pour la compagnie, malgré sa nouveauté, les ventes atteignirent le chiffre de seulement 10 458.  Elle méritait plus que cela.  Mais à l’époque, du Mafioso à l’Archevêque, montrer sa réussite sociale à la face du monde avait un nom et c’était Cadillac...

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