À la fin du dix-neuvième siècle, il existait une vraie frénésie, dans la région de Détroit, Michigan, générée par une nouvelle invention, qui avait vu le jour, en Europe, surtout en France et en Allemagne. Cette invention, qui était à la veille de révolutionner le Monde, était l’automobile. Depuis, elle, est devenue le produit de consommation, le plus vendu au monde. À l’époque, dans plusieurs garages de la région de Détroit, se trouvait quelqu’un, occupé à construire sa propre version, de ce que devait être une automobile.
David Dunbar Buick était le fils de Alexander Buick, un émigrant écossais. La famille Buick arrivait aux États-Unis, en 1856. Il était le descendant d’une famille dont le nom était Buik, mais qui avait été changé par Buick, plusieurs années auparavant.
Aujourd’hui, ce nom est bien connu, car il a été et est encore inscrit sur des millions d’automobiles, dans le monde, et ce depuis plus d’un siècle. Dans l’Histoire de l’automobile américaine, celle de la Buick est l’une des plus spectaculaires, avec ses hauts et ses bas.
Un de ses hauts a certainement été celui des années cinquante. Au cours de cette période, GM accaparait près de la moitié du marché de l’automobile, en Amérique. Il faut dire que Buick arrivait de loin. En fait, la survie de la marque avait été mise en danger, en 1933, avec des ventes de seulement 40 620 véhicules. Paniqués, les gestionnaires décidèrent, pour 1934, de mettre sur le marché une Buick bas de gamme sous la bannière de la Série 40. Sage décision, car les ventes remontèrent péniblement jusqu’à 78 757 exemplaires.
La crise économique, qui éclata en 1929, devenant de moins en moins sévère, les ventes remontèrent lentement. En 1936, Buick changea sa nomenclature en donnant des noms à ses différentes gammes. C’est ainsi que des noms tels que Special, Century, Roadmaster et Limited firent partie du vocabulaire des concessionnaires, chez Buick. En 1940, on y ajouta celui de Super.
Après la Deuxième Guerre mondiale, la production démarra lentement, avec les modèles 1946. Toutefois, le nom Limited était disparu. La Roadmaster occupait maintenant le haut de gamme. En 1958, le nom Limited fut ressuscité, pour disparaitre l’année suivante, en même temps que le nom Roadmaster. Ils furent remplacés par celui de Electra et Electra 225. Le chiffre 225 était un clin d’oeil à la longueur hors tout de la voiture, qui était 225 pouces. En ce qui regarde le nom Electra, il était le prénom de Mme Electra Waggoner Biggs (8 novembre 1912 — 23 avril 2001). Cette dernière, membre d’une famille influente du Texas, était une sculpteure célèbre, du sud des États-Unis. Ses oeuvres les plus marquantes ont été la sculpture de Harry Truman, celle de Dwight Eisenhower et surtout, la plus connue, celle du chanteur, écrivain, humoriste, chroniqueur, Will Rogers, bien en selle sur son cheval. Elle intitula sa sculpture : Riding into the Sunset.
D’aucuns se demanderont : quel est le lien avec Buick? Le voilà. À l’époque, le président de la Division Buick était Harlow H. Curtice. Ce dernier était le beau-frère de John Biggs. Il décida donc de rendre hommage à la famille en donnant le prénom de l’artiste Electra à la Buick qui remplaçait la Roadmaster, en tant que voiture, haut de gamme, chez Buick.
La Buick 225 était construite sur la plateforme C, à toit rigide, soit la même que celle de la Oldsmobile 98 et de celle de toutes les Cadillac. Son empattement était de 126,3 pouces. Celui des Buick Invicta et LeSabre était de seulement 123 pouces. Le seul moteur offert était le V-8 401 Wildcat de 325 ch. La Buick LeSabre n’offrait que le V-8 364.
La Electra recevait, comme les autres Buick, une légère mise à jour esthétique. Sa calandre était devenue concave, alors que ses ailerons semblaient plus arrondis. Par contre, plusieurs améliorations mécaniques furent apportées. Les clients de la marque Buick, sans doute encore traumatisés par le dessin des modèles 1959, ne se rendirent pas au rendez-vous, chez les concessionnaires Buick. Les ventes se chiffrèrent à seulement 253 999, ce qui classa Buick au neuvième rang, au palmarès des ventes.
Malgré le retour à un style de dessin plus traditionnel, les modèles 1961 furent encore boudés par les aficionados de la marque. Les ventes se chiffrèrent à un maigre 291 895, classant Buick au huitième rang.
Les styliciens étaient revenus à un dessin plus contemporain, en 1962, avec des surfaces plus arrondies. La clientèle semblait avoir cessé de bouder la marque. Les ventes grimpèrent à 415 892, classant Buick au sixième rang. La Electra était décorée par des baguettes chromées, disposées avec gout. Encore une fois, la servodirection et le servofrein étaient inclus, dans l’équipement de base.
La Electra 225, 1963, recevait quelques changements esthétiques, en plus d’accueillir deux nouveaux modèles, quatre portières, à toit rigide. Les ventes totales atteignirent le nombre de 479 399. Buick descendait au septième rang.
En 1964, le mot croissance était à l’ordre du jour. Les ventes augmentaient à 482 685, ce qui permettait à Buick de demeurer au septième rang. La motorisation augmentait également. Le nouveau moteur de la Electra était le V-8 425 de 340 ch, qui était offert, en option. La transmission Dynaflow à deux rapports était remplacée par la TH-400 à trois rapports.
Toutes les autos, modèles 1965, avaient reçu un nouveau dessin. La silhouette des carrosseries était inspirée par le dessin de la célèbre bouteille de Coca Cola, dessinée par le non moins célèbre stylicien français, Raymond Loewy. La stratégie de vente de la Electra était changée. Elle était offerte en deux versions, l’entrée de gamme et la Custom. Les ventes augmentèrent à 653 838, portant ainsi Buick au cinquième rang.
L’année suivante, les carrosseries eurent des changements mineurs, tels qu’une nouvelle calandre, de nouveaux feux arrière, ainsi qu’un nouveau tableau de bord. Les ventes diminuèrent légèrement à 580 421, bonnes pour la sixième position.
Une nouvelle calandre, avec un pilier central, différenciait la Electra 1967. Le nom Limited fut remis, à jour, pour identifier une version ultra luxueuse de la Electra 225 Custom, quatre portières avec un toit rigide. Sous le capot se retrouvait le nouveau V-8 430 de 360 ch. Les freins à disques à l’avant et le lecteur 8 pistes étaient sur la liste des options. Les ventes se chiffraient à 573 866, avec un cinquième rang.
Les changements habituels, soi la calandre et les feux arrière furent apportés aux modèles 1968. Une nouvelle planche de bord, avec les instruments, de forme carrée, ornait l’intérieur. Les baudriers des ceintures de sécurité avant étaient inclus en équipement de base. Les ventes, augmentèrent à 652 049, soit suffisamment pour conserver la cinquième place.
Les marques construites sur la plateforme C eurent droit à une révision totale de leur carrosserie, en 1969, tout en utilisant le même châssis et les mêmes structures internes. Les resserrements des lois de la sécurité routière obligèrent l’installation des appuie-têtes et d’une serrure pour la colonne de direction. Les ventes continuèrent à augmenter, avec 713 832, ce qui permettait à Buick de grimper au quatrième rang.
Les changements esthétiques furent mineurs, en 1970, se limitant à la calandre et aux feux arrière. La grande nouvelle était sous le capot, où le nouveau V-8 455 de 370 ch, remplaçait le V-8 430. Le quatrième rang fut conservé, avec une production de 666 501.
Toutes les marques produites par GM, sur les plateformes B et C furent redessinées. La Buick Electra partageait la même carrosserie que la Oldsmobile 98 et la Cadillac. Les carrosseries étaient devenues plus larges et plus lourdes que jamais. Toutes les Electra étaient à toit rigide, entre 1971 et 1973, ce qui éliminait les berlines et les décapotables. L’économie étant quelque peu dépressive, en 1971, les ventes diminuèrent à 551 188.
En 1972, malgré la dépression économique, qui continuait de sévir, Buick maintenait ses ventes à un niveau élevé. La Electra offrait encore la 225 et la 225 Custom, avec des modifications mineures à la calandre et aux feux arrière.
La Electra 1973 avait subi quelques modifications, surtout à l’avant, afin d’être conforme aux normes émises par le Ministère du Transport, afin que le véhicule soit capable de résister, sans dommages, à une collision à moins de 8 K/H.
Notre vedette, qui appartient à M. Henry Landry a été assemblée au cours de cette période difficile de notre époque, alors que la guerre du Vietnam, trainait en longueur, pendant que la guerre du Kippour se préparait et que la crise du pétrole était bien installée. Mais, à part ça, tout allait très bien, Madame la Marquise...
Production : 9 224.