Henry Ford avait toujours été fasciné par la mécanique. Dès qu’il fut en âge de quitter la ferme familiale, située à Springwells, comté de Wayne, Michigan, il se rendit à Détroit, pour commencer son apprentissage en tant que mécanicien d'ajustage, de jour et horloger de nuit. Quand sa formation de mécanicien fut terminée, il entreprenait de longues années d'expérimentation dans cette branche, tout en occupant le poste d'ingénieur-chef à la Edison Electric Light Company. À cette époque, un grand nombre d’amateurs de mécanique étaient fascinés par la nouvelle invention, qui avait pris naissance en Europe, particulièrement en Allemagne et en France, l’automobile. À Detroit, les amateurs qui désiraient se construire une automobile étaient de plus en plus nombreux.
Certains, tels que Olds, connaissaient déjà du succès, en fabricant des automobiles, qu’il mettait sur le marché.
Ford était de plus en plus décidé à construire une automobile. Il lisait, tout ce qui lui tombait sous la main, ayant trait à ce sujet. Ses recherches lui permirent de construire la Quadracycle, en 1896. Il lui donna ce nom à cause de la ressemblance de son véhicule avec une bicyclette, dont il utilisait les roues. Ayant acquis assez d'expérience, il vendit la Quadracycle et s'attaqua à la construction d'une deuxième, qu'il termina en 1899. Cette voiture lui valut la chance d'être le sujet d'un reportage, avec photos, dans le numéro du 29 juillet 1899 du Detroit Journal.
Cet article lui donna assez de renommée pour attirer des investisseurs. Il fonda la Detroit Automobile Company. Il pouvait se consacrer entièrement à la conception d’un véhicule à moteur. Mais les tensions internes brisèrent l’harmonie et la compagnie fut dissoute.
Le 30 novembre 1901, une nouvelle compagnie, sous le nom de la Henry Ford Company, fut fondée. Bientôt, le litige concernant le genre de véhicule à fabriquer éclata à nouveau et Henry Ford claqua la porte encore une fois, le 10 mars 1902. Le prototype construit par Henry Ford, deviendra, ironie du sort, la première Cadillac.
Henry Ford parvenait à convaincre de nouveaux investisseurs de lui accorder leur appui. La Ford Motor Company fut fondée le 16 juin 1903.
Cette fois, les choses fonctionnèrent rondement. Après une année de production, au 30 septembre 1904, la Ford Motor Company avait vendu 1 708 automobiles. Malgré le succès que connaissaient les autos que sa compagnie mettait sur le marché, Henry Ford continuait de chercher intuitivement ce qui, pour lui, représentait la voiture idéale. Il mettait, sur le marché, plusieurs modèles, dont une six cylindres, la Ford Modèle K, qui sera un fiasco commercial, chose que Henry Ford n'oubliera jamais, d'autant plus que cette voiture avait été mise au point contre sa volonté. Le travail ne manquait pas. La compagnie Ford, encore fragile, devait se constituer un réseau de concessionnaires, et ce, tout en continuant de construire différents modèles, afin, d'améliorer la fiabilité et la robustesse des voitures de marque Ford. La quête d’Henry Ford continua. Il mettait sur le marché une foule de nouveaux modèles qui connaissaient de plus en plus de succès. Ces nouveaux modèles égrainaient l'alphabet, lettre par lettre. La Ford quatre cylindres modèle N, lancée en 1906, provoqua une bouffée d'enthousiasme. Les ventes passent de 1 600 en 1905 à 8 729 en 1906. La Ford N, avec le succès qu'elle connaissait, fit subodorer à Henry Ford, qu'il était sur la bonne voie, pour réaliser enfin la voiture qu'il avait en tête. La Ford N peut donc être considérée comme l'ancêtre de la Ford T.
La conception de cette Ford releva pratiquement du roman d’espionnage. Henry Ford se composa une équipe réunissant ses meilleurs et ses plus fidèles collaborateurs, puis il fit construire un studio, au deuxième étage de l’usine. Réunis dans ce studio, ses collaborateurs, qui étaient les seuls autorisés à pénétrer dans cette pièce qui était cadenassée. Les membres de son équipe avaient comme mission de concevoir une nouvelle automobile. Un tableau noir, sur lequel les plans des nouvelles pièces étaient dessinés, photographiés et datés, afin de protéger les nouvelles pièces, par les brevets qui en découlaient.
La Ford T, était très en avant sur son temps. Elle établissait une foule de premières. Le volant est fixé à gauche. Le bloc-moteur est coulé en bloc. La culasse est amovible, ce qui facilite l'accès aux soupapes, son moteur est fixé par trois supports, ce qui lui permet de mieux résister aux torsions des mauvaises routes de l'époque. Ses ressorts montés transversalement évitent des torsions inutiles au châssis. La boite de vitesses à engrenages planétaires empêche les bris d'embrayages et d'engrenages causés par le manque d'expérience des conducteurs de l'époque. Toutes ces nouveautés furent finalement adoptées par les autres fabricants d'automobiles.
Les Ford Modèle R et S furent mis sur le marché, en 1907. Elles connaissaient du succès, mais disparurent des salles d’exposition, quand la Ford T fit son apparition, le premier octobre 1908.
La Ford T, connaissait un succès monstre, dès son lancement. Tellement, que le premier mai 1909, la demande excédait tellement la production que la compagnie Ford dut refuser toute commande pour une période de 9 semaines. Pourtant, les ouvriers faisaient ce qu'ils pouvaient, assemblant 10 202 voitures au cours de l'année transitoire de 1908, pour atteindre le chiffre de 17 771, en 1909. Les ventes continuèrent d'augmenter à un rythme de 100 % par année.
Le succès, époustouflant, que connaissait la Ford T, ne pouvait que conforter Henry Ford dans sa conviction qu’il avait créé l’automobile par excellence. Dans son esprit, la Ford T était insurpassable et irremplaçable. Les seules choses qui pouvaient y être apportées étaient des changements ou améliorations évolutives.
Ainsi, l’année 1912, qui voyait la production grimper jusqu’à 82 000 Ford T, représenta l’année où les changements apportés à la Ford T furent probablement parmi les plus nombreux, entre autres sur les pièces mécaniques. En fait, il existait deux Séries. La première série, dont fait partie notre vedette, fut produite jusqu’en avril. Elle ressemble beaucoup aux modèles 1911. Elle s’en différencie par sa planche de bord en une pièce, par l’absence d’une marche sous le siège avant
La deuxième série a les mêmes changements que la première série, en plus de ses courroies fixées sur les pentures au milieu du cadre du parebrise avant. En plus, la Ford T 1912 deuxième série offrait le luxe ultime, soit deux portières avant, moyennant un léger supplément.
La Ford T 1912, première série, qui est notre vedette du mois, a été assemblée, selon son numéro de série, entre le mois de janvier et avril. Elle appartient à M. Guy Dufresne, qui a effectué une restauration digne de mention.
Production : 170 211