Au milieu des années soixante, chez Dodge, on axait la publicité faite pour annoncer les Polara 500 et les Monaco 500, en les présentant comme étant conçues spécifiquement pour répondre à la demande des gens d’allure sportive, aimant avoir du plaisir, tout en étant tournés vers le futur.
Nonobstant cette publicité pleine de flagornerie, en fait, le dessin de ces Dodge était très représentatif de son époque. Il était un retour du balancier provenant des excès de la fin des années cinquante, alors que les styliciens dessinaient des ailerons dont la hauteur était inversement proportionnelle au bon gout.
Chez Chrysler, avec le départ Virgil Exner et l’arrivée de Elwood Engel, la ligne droite était devenue la norme, comme dans le reste de l’industrie, d’ailleurs. Le fait que les carrosseries des produits Chrysler étaient de type monocoque militait également pour l’adoption d’un dessin linéaire et angulaire, pouvant mieux résister aux torsions longitudinales et transversales, imposées par la route.
Le défi que devait relever Engel était de concevoir une carrosserie, sans fioritures excessives, tout en étant capable d’être également attirante pour les jeunes. Ceux que le dessin extérieur laissait froids n’avaient qu’à soulever le capot pour se convaincre que Dodge était capable de créer des émotions fortes. Le moteur débutant la liste était le V-8 383 de 270 ch, également offerts, en versions de 315 ch et 325 ch. Suivait le V-8 413 de 340 ch, pour se terminer par le V-8 426 de 365 ch.
Sur les Polara 500, à toit rigide et décapotable, une option sport était offerte. Elle incluait des sièges baquets, en vinyle, séparés par une console, une boite de vitesses manuelle à quatre rapports ou la TorqueFlite automatique à trois rapports, un tableau de bord rembourré et de grands enjoliveurs de roues. Sa suspension était à barres de torsion, renforcée par des stabilisateurs. Ses glaces latérales étaient incurvées vers l’intérieur, alors que ses déflecteurs étaient activés par une manivelle. Sa calandre occupait entièrement l’avant, incorporant les phares fixés à l’horizontale. Ses feux arrière avaient la forme d’un trapèze allongé, également disposé à l’horizontale.
La publicité présentait la Monaco, avec un lyrisme de haut degré, comme étant une voiture à production limitée, pour l’homme au gout illimité. Cette voiture, unique, selon la publicité, se vendait seulement en modèle deux portières à toit rigide pour la somme de 3 355,00 $ US (3 588,00 $ CAN). La décapotable affichait un prix de vente de 3 921,00 $ CAN. Elle partageait l’empattement de 121 pouces avec la Polara, qui elle, avait un prix de vente de 3 375,00 $ pour le modèle à toit rigide et de 3 585,00 $ pour la décapotable, au Canada. Par ailleurs, la Monaco offrait une finition plus luxueuse que la Polara.
Les intérieurs avaient fait les frais d’une attention particulière. Les sièges baquets étaient confectionnés avec du vinyle grenelé à motif d’osier, motif qui se retrouvait également sur les panneaux des portières. Un autre intérieur était offert, confectionné de tissu et de vinyle. Un tachymètre pouvait être fixé sur la console, moyennant un léger déboursé. Les intérieurs étaient décorés par des baguettes en aluminium brossé. Les passagers arrière avaient le privilège de s’assoir également sur des sièges baquets. Le volant était fait de plastique translucide.
La longue liste des options contenait de nombreuses gâteries, telles que les fenêtres à commande électrique, le régulateur de vitesse, le climatiseur, entre autres. Quinze couleurs étaient offertes, pour peindre l’extérieur. En option, le toit pouvait être recouvert de vinyle noir ou blanc.
En 1966, une Monaco, motorisée par le V-8 413 de 340 ch atteignait 60 m/h en 8,4 secondes, soit une seconde de plus qu’une Polara 500, motorisée par le V-8 426. Il s’agissait quand même d’une prestation remarquable, pour une voiture de plus de 4 000 livres, avec une transmission automatique. Motorisée par le V-8 426, avec une transmission manuelle à quatre rapports, les performances étaient encore plus impressionnantes. Le moteur d’entrée de gamme était toujours le V-8 383 de 315 ch, en 1966.
Les feux arrière, bien que toujours trapézoïdes avaient pratiquement doublé de longueur, ne laissant que l’espace nécessaire pour contenir le nom MONACO fixé en lettres séparées. La Monaco 500 était devenue le modèle de gamme supérieure. Sa carrosserie était décorée par des baguettes chromées fixées sur son bas de caisse, alors que sa ceinture de caisse était décorée d’une bande peinte, de l’avant à l’arrière. Dans sa publicité, Dodge vantait le luxe des intérieurs de la Monaco, que selon eux, certains qualifiaient de carrément péché. Rien de moins.
Le V-8 383 d’entrée de gamme avait une puissance augmentée à 325. Les versions de 270 et 315 ch étaient disparues.
Le nouveau moteur V-8 440 était également offerts sur les Dodge Polara et Monaco, en version 350 ch ou 365 ch, avec un système d’échappement double. Les freins à disques à l’avant étaient également offerts en option, sur ces Dodge. La calandre avait conservé le même dessin, toutefois, des changements mineurs avaient été apportés à sa grille.
Ces Dodge, Polara et Monaco, malgré leurs détracteurs, qui dénigraient leur dessin qu’ils jugeait trop angulaire, se sont quand même mérité une place dans l’Histoire, se permettant même de permettre à la marque Dodge de remporter la cinquième place au palmarès des ventes, en 1966. Les noms seront conservés jusqu’en 1973 pour la Polara et 1978 pour la Monaco, devenant de moins en moins populaires devant le succès des modèles intermédiaires.