AMC JAVELIN 1968-69

Ecrit par René St-Cyr | 2016-02-05

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Au cours des années soixante, en Amérique du Nord, il existait une atmosphère bizarre au sein de l’industrie automobile.  Dans un premier temps, de nombreuses marques, qui existaient avant la crise économique, qui avait éclatée en 1929, toutes étaient disparues, sauf Studebaker qui était sous respirateur artificiel, avant de disparaitre, en 1966.  Les seules qui avaient laissé un peu de leur ADN étaient Hudson et Nash qui avaient servi de base, pour fonder American Motors Corporation.

L’industrie automobile, maintenant composée de seulement trois joueurs majeurs en la personne de Chrysler, Ford et GM et d’un jouer mineur, avec AMC, se lança dans la production de voitures, répondant aux besoins de tous les créneaux du marché, tout en s’espionnant mutuellement.  Par exemple, à la fin des années cinquante, les trois grands, voyant le succès que connaissait la petite Rambler, mettaient sur le marché leur version d’une voiture compacte.

Les automobiles produites, au cours de cette période, étaient toutes bâties sur le même concept, soit un moteur à l’avant, et une propulsion aux roues arrière.  Les seules exceptions à la règle étaient la Corvair, avec son moteur arrière et la Toronado et sa jumelle, la Eldorado, avec leur traction avant.

Les fabricants d’automobiles ne voyaient pas de raison de bousculer leur routine, bien établie.  L’économie était florissante, les babyboumeurs arrivaient sur le marché, très anxieux de se procurer une automobile, à tout prix.  Pourquoi changer de technologie, alors que les voitures se vendaient, pratiquement avant de sortir de l’usine?

Malgré tout, bien qu’il n’y avait pas d’urgence à le faire, il s’est construit des voitures sensationnelles, au cours de cette période.  La Javelin, dessinée par Dick Teague, stylicien, chez American Motors, est certainement l’une d’elles.  Elle a été conçue en urgence, afin de répondre à la Mustang.  Son dessin était agréable à l’oeil.  Son empattement, à 109 pouces, était un pouce plus long que celui de la Mustang.  Cela permettait de donner plus d’espace, à l’intérieur, plus particulièrement à l’arrière de l’habitacle.  Le manque d’espace à cet endroit était un problème commun à la Mustang et à toutes ses imitatrices.  Son prix de vente avait été fixé à 2 482,00 $ soit légèrement plus bas que celui de la Mustang, fixé à 2 602,00 $.

La Javelin était quand même plus qu’une copie de la Mustang.  Elle était une tentative de changer l’image d’American Motors, d’une façon radicale.  Ce changement fut décidé par Roy Abernethy, qui remplaçait George Romney, au poste de président de l’AMC.  Ce dernier avait décidé qu’AMC était capable de contrer les trois Grands, en leur présentant un modèle contre chacun des leurs.  Ce qu’il avait oublié, est le fait que de s’opposer à de grosses sociétés, telles que les trois Grands, était de se mettre à la place d’une souris trottinant, au milieu d’une troupe d’éléphants.  Par exemple, la petite Rambler avait connu beaucoup de succès, au cours des années 50, surtout en 1958, lors de la crise économique, connue sous le nom de celle de Eisenhower, qui était alors président des États-Unis.  La petite Rambler occupa le quatrième rang, au palmarès des ventes, alors que des marques telles que Buick ou Mercury connaissaient des chutes brutales de leurs ventes.

Les trois grosses sociétés envahissaient le créneau du marché occupé par la Rambler, en mettant sur le marché des compactes, telles que la Barracuda de Chrysler, la Falcon de Ford et la Corvair de Chevrolet.  Chez AMC, au milieu des années soixante, ils avaient un gros problème sur les bras.  Leur Rambler était devenue beaucoup moins populaire, ils devaient, en toute urgence, explorer d’autres avenues pour survivre, étant incapables de se trouver un créneau du marché inoccupé, car ils étaient pratiquement tous occupés, par la grande diversité des modèles produits par leurs trois éléphantesques rivaux.

Finalement, réalisant le succès que connaissait la Mustang, qui ouvrait un nouveau créneau du marché, tout en lançant une mode, chez AMC, on décida de profiter de la situation, en présentant un clone de la Mustang.  Cette Javelin, lancée en 1968, était sans doute la mieux dessinée.  Sous tous ses angles, elle témoigne du talent du stylicien Dick Teague, responsable du studio de dessin, chez American Motors.  Elle était offerte en deux versions, soit la version d’entrée de gamme et la version plus haut de gamme, nommée la SST (Super Sonic Transport).  Ceux qui voulaient se donner l’impression de voyager plus rapidement que le son devaient ajouter 105,00 $ à la facture, soit environ 705,00 $ de plus, en dollars de 2016.

Chez AMC, le moteur six cylindres, de base, était un héritage provenant de la marque Nash.  Il n’était donc pas à la fine pointe de la technologie.  Sa cylindrée était de 232 pouces cubes.  Sa puissance était transmise aux roues arrière par le biais d’une transmission manuelle, à trois rapports.  Malgré sa vétusté, son efficience ne faisait pas défaut.  Le moteur V-8 de 290 p.c. de cylindrée, offert, en option se comparait bien au V-8 289 de la Mustang.  Pour ceux qui ne voulait pas perdre la face sur un départ au signal du feu vert, le V-8 343 de 289 ch.  Cette option nommée « Go Package » comprenait des tuyaux d’échappement doubles, des pneus E70-14, des freins à disques à l’avant, une suspension robuste et une décalcomanie particulière.

Chez American Motors, ont étaient plus que satisfait de la pénétration du marché qu’effectua la Javelin.  Les projections effectuées par les planificateurs se chiffraient à des ventes d’environ 45 000 véhicules.  Ils furent heureux, à la fin de l’année, de réaliser une production de 56 000 Javelin.  L’année suivante, en 1969, la production diminuait à environ 40 000.  Par contre, la fièvre des « Ponycar » commençait à tiédir, alors que tous les fabricants d’automobiles avaient un clone de la Mustang à mettre sur le marché, ce qui contribua à le saturer. 

Son style dépouillé et son intérieure légèrement plus spacieux que celui de ses concurrentes ont certainement été les deux qualités qui avaient permis à la Javelin de mieux se distinguer, dans le créneau du marché très occupé, généré par la Mustang.

Aujourd’hui, évidemment, les collectionneurs recherchent plus intensément les Javelin avec l’option « Go-Package SST » que la Javelin d’entrée de gamme.  Cette dernière étant plus rare, sa valeur pécuniaire étant entre 25 et 30 pour cent plus élevée que celle de la simple Javelin.  Bien que sa valeur sentimentale ne soit pas aussi élevée que celle d’une Mustang, la Javelin peut très bien être utilisée comme voiture de collection, capable de donner des années de bons services à son propriétaire.  Si elle est motorisée par le petit V-8 290, elle ne sera jamais capable de participer à des courses sur les pistes de la Trans Am, mais elle pourrait certainement transporter son propriétaire avec fiabilité, lors d’une tournée du VACM.

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