En 1934, l'Amérique du Nord et par ricochet, le reste du monde occidental tentaient de se sortir de la pire crise économique qu'avait connu le monde. En cette période difficile, les acheteurs moyens désiraient se procurer le moyen de transport le moins cher possible. Ce marché était alimenté par les marques Ford, Chevrolet et également la dernière venue, Plymouth.
La marque Plymouth avait été lancée six ans auparavant, soit en 1928. Selon la légende, lors de son lancement, Walter P. Chrysler était tellement fier de sa nouvelle Plymouth, que dans un geste de défis, il avait prit le volant de la troisième Plymouth, qui sortait de la chaine de montage, pour la conduire à Dearborn, afin de la montrer à Henry et Edsel Ford et après les avoir bien fait l’examiner, rentra chez lui en taxi, laissant sa Plymouth à un Henry et Edsel Ford complètement ahuris.
La Plymouth s'avéra être, pour la Chrysler Corporation, le fer de lance qui lui permettait de survivre à la crise économique. La Plymouth deviendra le bateau amiral qui conserva la Chrysler Corporation à flot, en permettant même de faire de légers profits, même au cours des jours les plus sombres de la crise des années 30. Elle devenait l'enfant chérie du monde de l'automobile, établissant des records de ventes et de production, alors que des marques bien établies se battaient pour survivre et que la plupart du temps, elles perdaient cette bataille et faisaient faillite!
En seulement quelques années, la Plymouth s'imposait comme un joueur permanent du monde de l'automobile. Chose plus importante, elle était devenue l'une des trois dominantes au niveau des ventes, avec Ford et Chevrolet. Même ces deux marques durent se défendre, contre Plymouth, afin d'éviter d'être dépassées par cette dernière. L'enthousiasme qu'entretenait Walter P. Chrysler envers sa nouvelle Plymouth était du type contagieux. Ses prix de vente étaient fixés au même niveau que ceux de Ford et Chevrolet. Le succès de la Plymouth n'était pas dû seulement à son prix de vente idoine. Elle offrait en plus un dessin contemporain et une mécanique fiable et bien conçue.
Après son succès initial, la Plymouth se gagna une réputation de voiture bien construite et de qualité, avec, en prime, un bas prix. Quand les modèles 1934, sortirent des usines, la compagnie Plymouth parvenait à maintenir son succès, malgré les jours difficiles qu'apportait la crise économique, grâce à la qualité de construction de ses carrosseries tout acier, de ses freins hydrauliques, aux quatre roues et son moteur six cylindres, plus puissant. Sa suspension avant était indépendante. Avec ces caractéristiques, la Plymouth 1934 était l'achat de l'année, grâce à son rapport qualité-prix.
La suspension avant indépendante de la Plymouth 1934 avait été bien conçue. Cependant, ce système ne sera utilisé qu'une année. Il sera abandonné en 1935. Le système adopté en 1934 consistait en deux bras de suspension en forme de joug, montés en parallèle, entre le châssis et les roues. Un ressort à boudin soutenait chacune des roues. Un amortisseur hydraulique était monté sur le bras de suspension supérieur. Cette suspension aidait à isoler le châssis des vibrations et des chocs de la route, grâce à son effet amortisseur, ce qui améliorait la portée et la conduite de la voiture.
Plymouth entreprenait les l’année 1934 avec plusieurs séries, soit, en débutant par le bas de gamme, nommé PF, suivit de la PG, puis, le haut de gamme représenté par la PE. La Plymouth PF sera éventuellement remplacée par la série PFXX au cours de l'année. Des trois séries, c'était la série PE DeLuxe qui captait le plus le coeur des acheteurs, tout en hypothéquant davantage leur porte-feuilles. Chose surprenante, en cette période de crise économique, le gros de la production de Plymouth, en 1934, avait été construit pour la série PE dans une forte proportion. Des 321 171 Plymouth qui sortirent des usines, 225 817 étaient de cette série, ce qui ne laissait seulement que 95 354 exemplaires, pour représenter les deux autres séries combinées. Plymouth se payait donc le luxe de voir ses ventes augmentées, ainsi que ses profits, car la marge de profit était plus élevée sur les modèles luxueux.
La série PE offrait cinq modèles, une berline deux portières, une berline quatre portières, une coupée d'affaire, une coupée avec siège escamotable et une décapotable. Elles étaient toutes offertes avec plusieurs variations. Les prix de la PE s'échelonnent de 595.00 $ pour la coupée d'affaire deux passagers à 695.00 $ pour la berline de ville cinq passagers. Les modèles berline deux et quatre portières en version bas de gamme avaient leur prix de vente fixé à 610.00 $ et 660.00 $ respectivement. La décapotable se vendait 685.00 $, alors que le dernier modèle, qui est le sujet du présent article et la vedette de ce mois, est la Coupée PFXX, qui avait un prix de base, fixé 630.00 $.
La coupée n'avait pas été, comme on s'en doute, la plus populaire de la série PE, avec des ventes qui atteignirent seulement le chiffre de 15 658 exemplaires, ce qui était quand même supérieur aux 4 482, chiffres obtenus par la décapotable, mais inférieurs aux 28 433 coupées d'affaires qui avaient trouvé preneur. Ces chiffres étaient évidemment en deçà de ceux atteints par les berlines quatre portières (108 407), les berlines deux portières (58 535), mais supérieures aux 7 049 berlines de ville. Plymouth avait également fabriqué 891 berlines, sept passagers et 2 362 châssis.
Pour ceux qui préféraient le châssis court, mais voulaient un peu plus de luxe, Plymouth ajoutait à ses catalogues de ventes du mois de mai, la PF Special Six, dont le nom de code était PFXX. Notre vedette faisait partie de cette cuvée. Il s'agissait, en fait, d'une PF auquel on ajoutait, à l'intérieur, un coffre à gants, un cendrier. (Le cendrier devait toutefois être enlevé pour placer le sélecteur de postes de la radio.) À l'extérieur, une grille de calandre chromée dont le dessin est différent. Deux klaxons, également chromés, étaient ajoutés à l'avant. Les roues de broche étaient une option, car encore à l'époque, les roues de bois étaient la norme, du moins chez Chrysler. Au début de la production, les PFXX étaient chaussées de pneus de 17 pouces. Elle adopta les roues de 16 pouces quelques mois plus tard, en même temps que la PE. La production de la PFXX s'échelonna sur un temps relativement court, soit du 28 mai 1934, pour se terminer le 28 septembre de la même année. La production totale de la PFXX est de 35 298, tous modèles confondus.
La Plymouth coupée PFXX 1934, est l'une des belles voitures, construite au cours des années trente et certainement l'une de celles qui plait le plus aux aficionados de la marque, aujourd’hui. Elle n'a pas qu'une belle carrosserie à offrir, sa mécanique est bien conçue et comporte certaines caractéristiques futuristes, pour son époque, comme son système de fixation du moteur, « Floating Power » qui assure à ses passagers un environnement mieux isolé des vibrations du moteur. Toutes ces qualités font de la Plymouth 1934 une voiture très agréable à conduire, malgré ses 82 ans bien sonnés.