L’appellation Parklane a eu un long cheminement, chez Ford. Dans un premier temps, elle fut utilisée pour nommer une familiale produite, pendant seulement une année, en 1956.
La mise sur le marché de cette familiale, à deux portières, était une réponse à la Chevrolet Nomad, mise sur le marché, en 1955. Elle était construite sur une carrosserie de Ford Ranch Wagon. Mais, contrairement à la Ranch Wagon, qui était un modèle d’entrée de gamme, elle était construite avec les pièces et les intérieurs, haut de gamme de la Ford Fairlane, incluant la baguette de flanc, en acier inoxydable de la Fairlane, ainsi qu’un siège à commande électrique et une radio AM.
En tant que rivale de la Chevrolet Nomad, la Parklane releva le défi avec brio, en se vendant en 15 186 exemplaires, alors que la Nomad ne réussissait qu’à trouver seulement 7 886 amateurs.
Ces deux chiffres ne sont pas tellement impressionnants. La Nomad, inspirée de la voiture concept, présentée en 1954 ne battait pas de records de vente, même avant l’arrivée de la Ford Parklane.
Les familiales à deux portières sont généralement plus difficiles à vendre. Ceux qui achètent ce type de voiture transportent non seulement des marchandises, mais également des passagers, à l’occasion, qui ont besoin d’avoir accès aux sièges arrière. Donc, ceux qui ne transportaient que de la marchandise achetaient la Ford Ranch Wagon, dont le prix de vente était plus abordable. Un véhicule haut de gamme n’était pas ce qu’ils recherchaient, pour répondre à leurs besoins.
Un prototype de la Parklane fut construit, en 1957, mais les stratèges de la FoMoCo décidèrent plutôt de fabriquer la Ford Del Rio, pour occuper le créneau du marché, occupé par les familiales à deux portières. La Ford Parklane ne fut donc produite que pendant l’année 1956.
Aujourd’hui, des deux voitures, celle qui est la plus connue, malgré ses ventes anémiques est la Chevrolet Nomad. Sa renommée a été propagée par le fait que les Surfeurs ont commencé à l’utiliser, pour transporter leurs planches de surf, en utilisant des Nomad de seconde main, et ce, des décennies après que sa production avait cessé.
Toutefois, le nom Parklane ne fut pas oublié. Il fut récupéré par la Division Mercury, pour être utilisé pour identifier une Mercury haut de gamme. Cependant, sa graphie était différente. Chez Mercury, il était écrit en deux mots séparés, avec deux majuscules, soit Park Lane.
Chez Ford, l’année 1958 fut lancée le 4 septembre 1957, soit un mois, avant que les Russes lancent leur Sputnik, et ouvrent ainsi l’ère spatiale. Toutefois, chez Ford et Mercury, ils demeuraient plutôt terre à terre, fort occupés à préparer le lancement de la nouvelle Edsel. Cette nouvelle voiture portait le nom du fils de Henry Ford, qui était le père de Henry II Ford, Benson Ford et William Clay Ford, qui travaillaient à la compagnie Ford Motors.
La nouvelle voiture avait été conçue pour représenter la compagnie Ford dans le créneau intermédiaire de la pyramide du marché de l’automobile. Elle devait se mesurer aux Pontiac, Oldsmobile et Buick de GM et aux Dodge et DeSoto de Chrysler, en occupant le segment du marché entre la Ford et la Mercury.
La nouvelle Edsel fut présentée au public avec beaucoup de fanfares. Elle offrait 18 modèles présentés en cinq séries : la Ranger, la Pacer, la Corsair, la Citation et la familiale. La Ranger et la Ranger berline, à toit rigide et décapotable étaient montées sur le châssis de 118’’ de la Fairlane. La familiale utilisait la carrosserie de la familiale Ford de 116’’ d’empattement. La famille EM, Corvair et Citation utilisait le châssis de 124’’, exclusif à la Edsel. Cette série était truffée de nombreux gadgets mécaniques et électriques.
Dès son lancement, le dessin de la Edsel, surtout sa calandre, dessinée à la verticale, refroidissait les ardeurs des acheteurs. Autre problème. La Edsel n’avait pas d’usines dédiées à son assemblage. Elle était assemblée soit dans une usine Ford, soit dans une usine Mercury. Dans ces usines, les ouvriers étaient entrainés à assembler une Ford ou une Mercury. Pour eux, la Edsel était une intruse qui dérangeait leur routine. Ces voitures arrivaient chez les concessionnaires mal assemblées, au grand déplaisir de leur propriétaire. Une rumeur négative se répand très rapidement.
Comme si les choses n’allaient pas assez mal, une forte crise économique sévissait, en Amérique.du Nord. Cette crise frappa surtout les individus qui achetaient des automobiles de la classe intermédiaire. Des marques telles que Buick, Oldsmobile, DeSoto et également Mercury et Ford, se retrouvaient avec des situations financières bordéliques. Le lancement de la Edsel fut complètement chamboulé.
Chez Mercury, malgré la présentation de la nouvelle Park Lane, haut de gamme, la situation était catastrophique, avec des ventes se chiffrant à seulement 133 271 voitures de vendues.
Cette nouvelle Park Lane, mise au point sous le nom de code Olympian, s’opposait à la nouvelle Oldsmobile 98 de GM. Elle était offerte en trois versions, soit la Phaeton à toit rigide (57C), la Phaeton Coupe à toit rigide (63C) et la décapotable (76C). Cette dernière avait la particularité d’avoir le titre d’être la Mercury la plus onéreuse, avec un prix de vente fixé à 4 118 $.
En 1959, l’empattement de la Park Lane fut porté à 128 pouces. Le prix de la décapotable fut augmenté à 4 206, $. Les ventes de la décapotable qui se chiffraient à seulement 853, l’année de sa présentation, augmentèrent, pour atteindre 1 257, $.
En 1960, l’empattement est à nouveau modifié pour s’établir à 126 pouces. Les prix de vente furent diminués jusqu’à être inférieurs à ceux des modèles 1958 et 59.
L’année 1961 marque un grand changement d’image chez Mercury. La taille des voitures fut diminuée, ainsi que la projection de leur image.
Cette nouvelle philosophie fut une sentence de mort, pour la Mercury Montclair et la Mercury Park Lane. Toutes les énergies étaient orientées vers une diminution des couts de production. Le partage des pièces entre Ford et Mercury fut porté au maximum. Ainsi, à partir de 1962, la Falcon et la Fairlane avaient des jumelles dizygotes, chez Mercury, avec la Comet et la Meteor, alors qu’en 1964, la Montclair et la Park Lane, comme deux Phénix, renaissaient de leurs cendres.
Notre vedette, une Mercury Park Lane 1964 fait donc partie de cette nouvelle génération de Park Lane, qui prenait un nouveau début. Elle appartient à M. Jean-Paul Bernier, depuis 2012.