Fossmobile, la reconstitution
Dans un article précédent, nous vous avons entretenu de la Fossmobile, la première voiture à essence jamais construite au Canada… à Sherbrooke plus précisément. Cela se passait durant l’hiver 1896-1897. George Foss, son créateur, avait à ce moment vingt ans à peine. En 1902, déménagé à Montréal, il vend sa voiture pour 75$. Fin de l’aventure de Foss dans le domaine de la construction automobile.
Plus d’un siècle passe et le petit-fils de George, Ron Foss, décide de reconstituer la Fossmobile, question que cet important chapitre de l’histoire de l’automobile canadienne ne sombre pas dans l’oubli.
L’aventure de la reconstitution de la Fossmobile a débuté l’hiver dernier. Mais, comme on le sait, on ne débute pas la construction d’une voiture comme ça, sans préparation! En faisant des recherches, Ron Foss apprend qu’après avoir créé sa voiture, son grand-père avait été distributeur pour le Québec de la marque Crestmobile. Cette compagnie avait alors pignon sur rue à Cambridge au Massachusetts. Un musée de l’endroit possède aujourd’hui une Crestmobile 1901 qui ressemble étrangement à la Fossmobile! Sans doute que George Foss fut l’un des concepteurs de la Crestmobile. Quoiqu’il en soit, Ron a pu aller sur place et prendre nombre de photos et de mesures, ce qui lui a grandement facilité la tâche par la suite!
Refaire une voiture à partir de photos, n’est toutefois pas chose aisée. Il faut souvent déduire les mesures en appliquant la règle de trois ou en y allant par la logique. On appelle cela du ‘’reverse engineering’’ ou, si vous préférez, de l’ingénierie inversée.
La ‘’carrosserie’’ a d’abord été recréée. La disposition des barreaux du siège a été très difficile à recréer. Puis le châssis en acier, d’époque précisons-le, a été entièrement restauré, redressé, sablé au jet, repeint et réassemblé. Le moteur, qui provient aussi d’une voiture de l’époque, a été rebâti et est désormais fonctionnel. Les roues sont prêtes depuis quelques semaines et sont maintenant entourées de magnifiques pneus blancs.
Cependant, une voiture, même aussi primitive que celle de George Foss, est beaucoup plus compliquée qu’il n’y parait. Il faut un système électrique, rudimentaire, certes, une direction, un système d’entraînement par chaînes (calculer le nombre de mailles parfait n’est pas une sinécure!), un système de graissage et on en passe!
La construction de la voiture hommage (Tribute car) va bon train. Elle devrait être complétée durant l’hiver et il se pourrait qu’on la voie dans quelques expositions de voitures anciennes l’été prochain avant qu’elle ne prenne le chemin d’un musée canadien.
S’il est difficile de refaire une voiture aussi ancienne, imaginez celui qui l’a fait en premier à une époque où il n’y avait ni Internet, ni NAPA, ni photos. C’est seul dans son atelier de la rue Water (aujourd’hui des Abénaquis) à Sherbrooke que George Foss a tout imaginé. Levons notre chapeau à ces pionniers qui, même s’ils n’ont fabriqué qu’un seul exemplaire… l’ont fabriqué dans des conditions extrêmement difficiles, envers et contre tous.