Ford Ranchero 1971 429 Cobra Jet

Ecrit par René | 2010-10-14

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L'année 1957 en était une d'optimisme, en Amérique du Nord.  L'économie était florissante, les emploies nombreux, Elvis Presley présentait le moins mauvais de ses films, Jailhouse Rock, alors que Let Me Be Your Teddy Bear occupait la première place du palmarès pendant des mois.  Les jeunes hommes avaient des poussées de testostérone, quand ils voyaient la pétillante Kim Novak à l'écran, alors que les jeunes filles étaient toutes retournées et en pâmoison, quand Pat Boone leur susurrait April Love. 

Chez Ford, ont n'échappait pas à toutes ces montées d'adrénaline.  La compagnie faisait son entrée à la bourse, les ventes de la Ford 57 dépassaient celles de Chevrolet, pour la première fois, depuis 1937.  Emporté par l'enthousiasme, Henry Ford II s'apprêtait à refaire la structure administrative de la Ford Motor Company, afin qu'elle puisse contrer General Motors division contre division.

Depuis que Henry II avait pris les commandes de la compagnie Ford, il s'était entouré de jeunes loups pleins d'ambition, compétents et brillants.  L'année 57 a été représentative de ce renouveau, avec le lancement de la Skyliner, décapotable à toit rigide, ainsi que celui de la Ranchero, une autocamion qui a connu une vie plus longue de la Skyliner.  L'idée d'utiliser une automobile pour construire une camionnette n'était pas nouvelle.  Dès 1905, Henry Ford utilisa une Ford Modèle C pour construire un véhicule de livraison.  Tout au long de l'existence des Modèles T et des Modèles A, le même principe a été employé.  Pour ceux qui aimaient le grand air, plusieurs compagnies, dont Ford, offraient une camionnette décapotable.

Chez pratiquement tous les manufacturiers, à partir du début des années trente, l'automobile et la camionnette prenaient des chemins différents, en se singularisant de plus en plus.  Il a fallu attendre 1957, pour que leur route se croise à nouveau.  Sans doute inspiré par le fait que la compagnie Ford produisait une auto-camionnette, en Australie, connue sous le nom de Ute (Utility) depuis 1932, quelqu'un, à Dearborn, subodora qu'il existait un marché, en Amérique, pour ce type de véhicule.  La clientèle visée était composée des nouveaux riches qui désiraient impressionner les copains au Club-house du terrain de golf qu'ils fréquentaient ou le propriétaire de ranch ou tous simplement celui qui avait, à l'occasion, de lourdes charges à transporter, mais désirait avoir un véhicule offrant le confort d'une automobile.

C'est ainsi que la Ranchero a fait son entrée dans le monde, le 8 décembre 1956 au Salon National de l'automobile, à New York.  Ce nouveau véhicule élégant était exactement ce à quoi il ressemblait, soit une familiale Ranch Wagon modifiée qui partageait l'empattement court de 116 pouces, avec les Ford Custom et Custom 500.  Son panneau arrière était le même que celui de la Ranch Wagon.  Il était d'ailleurs classé dans la même catégorie que les familiales par Ford et était vendu par les concessionnaires de camions Ford.

Celui à qui l’on peut donner la paternité de la Ranchero est sans contredit le stylicien Gordon Buehrig.  Ce dernier arriva chez Ford en 1949.  Une des premières missions qu'on lui avait confiées a été de dessiner les familiales.  Comme base de départ, il utilisa la maquette en argile d'une Ford berline, 1952, pour concevoir deux familiales, en utilisant un côté pour une deux portières, soit la Ranch Wagon et l'autre pour une quatre portières, soit la Country Sedan.  La première est devenue la base sur laquelle étaient construites la Courrier, la Ranch Wagon et la Utility qui elle, a été expédiée en Australie, où elle a été bien appréciée par les « Aussie ».  La quatre portières devenait la Country Sedan et la Country Squire.  Le concept qui avait été dessiné sur la maquette d'argile d'une Ford 1952, par Buehrig, a été utilisé comme ligne directrice sur toutes les familiales produites pendant une décennie, incluant la Ranchero 1957.

La Ranchero a été présenté deux mois après le lancement des Ford modèles 1957.  Elle a fait ses débuts au cinéma dans le film April Love, alors que Pat Boone, au volant d'une Ranchero bleu et blanc chantait la chanson titre à l'héroïne Shirley Jones, pendant qu'ils roulaient sur les routes du Kentucky.  Les produits Ford 1956-57 avaient même tenu un rôle de soutien dans ce film.

Chrysler et GM ont été pris au dépourvu par l'arrivée de la Ranchero.  Chevrolet pouvait se consoler avec sa camionnette Cameo, dont les ventes, après avoir connu une pointe de 5 220, en 1955, s'écrasèrent à 1 405, en 1958.  Chevrolet n'avait donc rien pour appeler les journalistes.

Chez Dodge, c'était différent.  C'était le néant et avec une part de seulement sept pour cent du marché, la tirelire était vide pour mettre au point un nouveau modèle.  Heureusement pour la compagnie, grâce à l'initiative de Joe Beer, gérant de la section des équipements spéciaux, à la Division camions de Dodge, Chrysler a pu offrir une riposte.

Beer était un débrouillard de nature, il se rendit à l'usine d'assemblage Dodge et s'appropria deux ailes arrière d'une Dodge familiale Suburban ainsi que son parechoc arrière.  De retour à son usine, il a fait souder ces deux ailes sur une camionnette Dodge.  Le parechoc faisait comme un gant, mais le panneau arrière a dût être coupé pour s'ajuster entre les ailes.  Des baguettes de flanc ont été ajoutées sur les côtés et voilà une nouvelle camionnette était née.  On la baptisa la Dodge D100 Sweptside.  Trop chère, à 2 189,$, elle ne connut pas un grand succès et disparut du marché, en 1959.

Pendant ce temps, la compagnie Ford allait de l'avant avec sa Ranchero.  Elle utilisa la plateforme de la Ranch Wagon jusqu'en 1959, puis celle de la Falcon, de 1960 à 1965, pour adopter celle de la Fairlane, en 1966.  Comme le nom Fairlane a été changé par Torino, en 1971, la Ranchero utilisera la même plateforme, pour devenir la Torino Ranchero.  La compagnie Ford décida d'abandonner la production de la Ranchero à la fin de l'année 1979.

Plus particulièrement au cours de la période commençant au milieu des années cinquante jusqu’aux années soixante-dix, General Motors a toujours été en mode réaction, par rapport aux nouveaux créneaux du marché ouverts par Ford.  La Ranchero ne fait donc pas exception.  Dès 1959, Chevrolet mettait la El Camino sur le marché en utilisant la même stratégie de conception que Ford.  Les deux compagnies, bien que continuant à offrir des modèles d'entrée de gamme, ne pouvaient se retenir de se lancer dans une escalade de puissance.  Bientôt nous arrivaient des versions plus luxueuses et plus puissantes, comme la Ranchero Squire, la XL, ou la GT. 

Comme la performance était une qualité recherchée par les acheteurs de Ranchero et de El Camino, des moteurs de plus en plus puissants trouvèrent place sous le capot de la Ranchero.  Le paroxysme a été atteint en 1971 et 72, alors que le tout puissant 429 était offert en option, en trois versions; Thunder Jet à 320 ch, le Cobra Jet à 360 ch et le Cobra Jet Ram Air à 370 ch.

Notre vedette est issue de cette mouture, en version GT.  À sa sortie de l'usine, elle a été livrée chez un concessionnaire Ford de Las Vegas.  Elle a été achetée, en juin 1971, par un Texan qui la conserva avec beaucoup de soins, ne lui faisant parcourir que seulement 39 000 milles en 33 ans.  Ce dernier s'était d'ailleurs constitué un patrimoine, car il possédait une dizaine de Ranchero.  Son actuel propriétaire, M. Richard Glazer est donc le deuxième propriétaire de ce bolide, depuis octobre 2004.  Il n'a eu qu'à refaire la peinture brulée par le chaud soleil texan.  Ce dernier est toujours estomaqué par la puissance que peut produire un moteur 429 Cobra Jet sur une simple pression du pied.

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