À toutes les époques, il a toujours existé des individus qui ont joué les Cassandres, en pontifiant, du haut de leur chaire, que les manufacturiers d’automobiles fabriquaient seulement ce qu’ils voulaient, sans égard pour les gouts et les besoins de leurs clientèles. Encore aujourd’hui beaucoup de savants analystes n’hésitent pas à ergoter sur le fait que les compagnies américaines sont pratiquement des criminelles parce qu’elles fabriquent des VSU 4 X 4. Les mêmes experts diront, le lendemain, que les Japonais sont géniaux, quand ils ouvrent une usine dédiée à la fabrication de VSU 4 X 4, ajoutant, les larmes pratiquement aux yeux que ces derniers savaient toujours quel véhicule construire. Comprennent qui peut. Si une compagnie fabrique un objet, c’est qu’il existe une demande pour cet objet, c’est une loi incontournable du commerce.
Il n’y a rien de nouveau sous le Soleil. La même situation prévalait au cours des années soixante. Au début de cette décennie, les fabricants répondaient au ras-le-bol des consommateurs qui ne voulaient plus du style flamboyant et clinquant des années cinquante. Les acheteurs réclamaient un style de meilleur gout, une mécanique mieux construite et des équipements plus utiles. Si vous ajoutiez à cette liste le fait d’offrir un plus grand nombre de modèles, dans la gamme supérieure, il n’est pas surprenant que Cadillac ait établi des records de vente, pratiquement toutes les années de cette décennie. Plus le dessin de la Cadillac devenait net et rationnel, plus elle se trouvait d’acheteurs.
C’était certainement vrai en 1963, alors que la production de Cadillac dépassa les 163 000. Même si son style n’était pas le plus beau, jamais présenté, il était bien de son temps et pour son marché, plus voyant, tout en étant plus simple que celui des Cadillac 1961-62. Ses ailerons avaient été rasés pour présenter un profil plus bas. Les pieds A avaient été redressés, éliminant ainsi les derniers vestiges du parebrise enveloppant. Ses flancs avaient été gonflés légèrement. Le centre de son capot a été allongé pour mieux contenir la nouvelle calandre, alors que les lignes de son toit étaient plus épurées. Même son panneau arrière avait été changé pour recevoir de nouveaux feux arrière plus longs, mais toujours placés à la verticale. Le résultat de tous ces changements faisait paraitre la voiture plus large, malgré le fait que ses dimensions étaient les mêmes. L’empattement des 1963 demeura également le même. Toutefois, la carrosserie s’allongea de deux pouces.
Le moteur, quant à lui, subissait une mise à jour majeure, la première en 14 ans. Sa course et son alésage demeurèrent les mêmes, tout comme ses soupapes, ses culbuteurs, ses bielles, ses culasses et son taux de compression. (10,5:1) Le restant de ses composantes était nouveau. Son vilebrequin était plus léger et plus résistant, son bloc-moteur était également plus léger de 50 livres. Ses accessoires avaient été relogés, afin d’en faciliter l’entretien. Bien que tous ces changements n’aient pas amélioré les performances du nouveau 390, il était devenu beaucoup plus doux et plus silencieux. Les ingénieurs poussèrent le raffinement jusqu’à ajouter un joint homocinétique à l’arbre de transmission. Le nouveau 390 était plus compact que son prédécesseur, qui lui, datait de 1949. Ses mensurations étaient de un pouce, inférieur en hauteur, quatre pouces de moins large et 1,5’’ plus court.
Cadillac a toujours fourni des prestations assez relevées. Les modèles 1963 avaient une vitesse maximale de 115 m/h, grimpaient à 60 m/h en environ 9,5 secondes, alors que le quart de milles était franchi en environ 17 secondes. Même son économie d’essence était décente, pour l’époque, à environ 12 - 14 milles au gallon. Son silence de roulement était remarquable, même à vitesse élevée. Certains le considéraient comme même supérieur à celui de la Rolls-Royce.
Cadillac en donnait pour son argent. Elle offrait un plus grand éventail de modèles que ces concurrents. Ceux de 1963 étaient les mêmes que ceux de 1962, sauf pour la Town Sedan Série 62, qui elle, avait été mise à la retraite, faute de preneurs. Sa compagne, la DeVille Park Avenue a été conservée. Toutefois, elle s’était fait encore moins d’amis, avec des ventes se limitant à seulement 1 575 exemplaires. Comme il était à prévoir, elle avait disparu des salles d’expositions, l’année suivante.
Malgré tous ces nouveaux changements, les prix de vente de ces Cadillac n’avaient été augmentés que de seulement quelques dollars, par rapport à ceux de 1962. Une Cadillac Coupe Série 62, d’entrée de gamme, avait un prix de vente affiché de 5 026, $, alors qu’une Eldorado décapotable se vendait 6 608, $ US. Les mêmes véhicules se vendaient 7 274, $ et 9 566, $ respectivement, dans le plusss meilleur pays. Ce n’est pas d’aujourd’hui qu’on se fait avoir sur le prix des automobiles. L’équipement de base de ces Cadillac était assez généreux, commençant avec la transmission Hydra-Matic, la servodirection, le servofrein, les freins autoajustables, la chaufferette, les feux de recul et le nec plus ultra, le rétroviseur de droite ajustable. Un siège à commandes électriques était fourni en équipements de base, sur la Eldorado. Les vitres à commandes électriques faisaient partie de l’équipement courant sur toutes les Cadillac, sauf sur les modèles 1962 berline. Naturellement, Cadillac était la reine en ce qui regarde le confort et les commodités. Ainsi, sa nouvelle liste d’options, pour 1963, avait été enrichie par l’ajout de déflecteurs motorisés, un volant ajustable en six positions et la radio AM/FM. Toujours en ajoutant un léger supplément, vous pouviez ajouter un toit recouvert de vinyle. En fait, juste pour les intérieurs, vous aviez le choix entre 143 combinaisons possibles de finition, en laine, cuir ou nylon, sur vos banquettes ou vos sièges baquets. Le tableau de bord, les garnitures des portières et le dos des sièges pouvaient être décorés d’appliqués en grain de bois.
Les changements cosmétiques apportés aux modèles 1964 ont été mineurs. Les ailerons ont été, encore une fois, abaissés afin que le dessus des ailes et des portières devienne une ligne horizontale, ce qui donnait un effet d’allongement comme résultat. La calandre avait obtenu une nouvelle barre horizontale peinte de la même couleur que la carrosserie, alors que les nacelles des feux de position arrière avaient été modifiées. Un nouveau contrôle de la température ambiante a été ajouté sur la planche de bord. Ce dernier, grâce à un thermostat, régularisait la température à l’intérieur de l’habitacle. Un nouveau gadget faisait son apparition. Nommé « Twilight Sentinel », il avait pour rôle d’allumer automatiquement les phares, grâce à une cellule photoélectrique, dès que la pénombre arrivait.
Un autre changement significatif a été apporté au moteur, alors qu’une version de 429 pouces cubes de cylindrée a été mise au point. Avec cette nouvelle cylindrée, la puissance a été portée à 340 ch. Grâce à l'ajout d'une nouvelle version plus efficace du convertisseur de couple de la transmission Turbo-Hydra-Matic à trois rapports, les performances de la voiture ont été améliorées d’autant. En fait, des essais routiers tenus par des chroniqueurs automobiles de l’époque donnaient des prestations de 0 à 60 m/h se chiffrant à 8,5 secondes et le quart de mile parcouru en un peu plus de 16 secondes, chiffres respectables pour une voiture de plus de deux tonnes.
La Cadillac avait réussi à agrandir encore plus son cercle d’amis, avec des chiffres de vente de près de 166 000 exemplaires, ce qui donna à Cadillac un autre record de vente. D’autres futures Cadillac, encore meilleures, avec d’autres records de vente étaient déjà au coin de la rue.