Chrysler Newport Custom 1968

La première fois que le nom Newport a été utilisé, chez Chrysler, il fut apposé sur une voiture concept, dont le nom était Chrysler Newport Phaeton.  Cette automobile, la première voiture de rêve jamais fabriquée par Chrysler, a été offerte en 1940 et 1941.  Il s’agissait d’une voiture ouverte à doubles auvents, motorisée par un huit cylindres en ligne, avec une boite de vitesses, manuelle à trois rapports.  Cette Phaeton était construite sur un châssis de Chrysler New Yorker de l’époque.  Elle avait été dessinée et conçue par le stylicien de Chrysler, Ralph Robert.  Chez Chrysler, l’expression production limitée, n’était pas un vain mot, car seulement cinq Phaeton ont été produites.  L’une était devenue la propriété de Lana Turner, la célèbre actrice qui aimait tant se bagarrer en public avec son amant, Frank Sinatra.  Cette dernière ne répondait pas nécessairement à l’image qu’on se faisait à l’époque d’une femme douce et soumise.  Mais, je digresse.  L’une d’elles a été peinte en jaune et a servi comme voiture de tête au Indy 500 de 1941.  Les autres ont été cédées à d’autres biens nantis, dont Walter Chrysler lui-même, qui venait juste de prendre sa retraite, en tant que Président de la Chrysler Corporation.

Le nom Newport a été réutilisé au cours des années cinquante pour désigner une coupée à toit rigide deux portières.  Chacune des séries, soient la Windsor, la Saratoga et la New Yorker offrait une Newport à toit rigide.  Une Chrysler Town & Country à toit rigide avait été construite, en 1949, pour le président de la Division Chrysler, mais elle n’a jamais été mise en production.  Il a fallu attendre la fin de l’année 1950 pour la voir arriver chez les concessionnaires, sous le nom de Newport, offerte sur toutes les séries, comme nous l’avons vu plus haut.

La Chrysler Corporation entra dans la décennie des années soixante en clamant haut et fort que jamais, il n’y aurait une petite Chrysler.  Ajoutant dédaigneusement que construire des voitures compactes, était juste bon pour des marques comme Buick, Oldsmobile, Pontiac et Mercury.  Qu’on se le tienne pour dit, la Chrysler sera toujours grosse, imposante et luxueuse.  Point à la ligne!

Les modèles 1960 et 61 ont été les derniers à arborer les extravagants ailerons tant aimés par le stylicien maison, Virgil Exner.  Ce dernier les faisait grandir depuis le milieu des années cinquante.  C’était également la première fois que chez Chrysler on construisait des carrosseries monocoques, dont les pièces étaient maintenues en place grâce à des soudures plutôt que par des boulons.  Ces carrosseries étaient moins susceptibles de produire des bruits de caisse, toutefois elles étaient plus fragiles à la rouille.  Les Chrysler 1960 utilisaient les décorations chromées avec parcimonie.  Sa calandre de forme trapézoïde était inspirée de celle des Chrysler 300 lettrées.  Une nouvelle option, sans doute inventée pour venir en aide aux femmes avec des robes à crinoline, était les sièges avant pivotants.  Ces sièges pivotaient automatiquement dès que la portière s’ouvrait.  Cette option avait été offerte, pour la première fois sur la Chrysler 300E et sur les autres Chrysler en 1959.

Les séries et les empattements étaient demeurés les mêmes qu’en 1959, tout comme ses deux V-8 à grosses cylindrées.  Sur les modèles 1961, le nom Newport était toujours présent.  Toutefois, il ne représentait plus un modèle, mais plutôt une Série.  À partir de cette année-là, la Série Newport représentait les modèles d’entrée de gamme.  Elle remplaçait la Saratoga, qui elle, était disparue de l’écran radar.  Cette nouvelle hiérarchie prenait place aux États-Unis.  La place de la Newport était de se positionner entre la Chrysler et la Dodge, afin de combler le vide laissé par la disparition de la DeSoto.  Ici, dans le plusss meilleur pays, la donne était différente.  La Newport, qui était importée des États-Unis, se situait dans le milieu de gamme supérieur, sous la New Yorker.  Pour vous acheter une Windsor berline deux portières à toit rigide 1961, il vous fallait débourser 3 952, $ CAN.  Une Saratoga, de même modèle, qui était toujours offerte au Canada, vous coutait 4 170, $.   Dans la Série Newport le prix grimpait à 5 010, $ pour une décapotable, le seul modèle disponible au Canada, avec deux modèles de familiales.

La Newport était très populaire, en jouant le rôle que jouait antérieurement la DeSoto, maintenant disparue.  Elle s’accaparait de pratiquement la moitié des ventes de la Division Chrysler.  Sauf que dans les faits, elle était une version dépouillée des Chrysler des gammes supérieures, avec ses petits enjoliveurs de roues, ses intérieurs de gamme inférieurs et son extérieur dépouillé.  La perception d’une Chrysler de moindres valeurs ne pouvait qu’avoir comme effet pervers de dévaloriser l’aura de prestige qui se rattachait au nom Chrysler.

Aux États-Unis, la Newport était offerte en modèle décapotable, berline 2 portes à toit rigide, berline 4 portes, berline 4 portes à toit rigide, ainsi qu’en deux versions de familiales.  La motorisation de base était le V-8 de 361 p.c. de 265 ch et le V-8 de 383 p.c. de 305 ch.  Au Canada, comme nous l’avons vu plus haut, les seuls modèles offerts étaient la décapotable et les deux versions de la familiale.  En 1962, les ailerons de Exner avaient été amputés, pour ne devenir que de simples plis dans la tôle, souligné par une baguette chromée.

La Newport avait été redessinée en 1963, comme les autres Séries de Chrysler.  Seuls quelques changements esthétiques mineurs pouvaient différencier la Chrysler 1964 de celle-ci.

Pour l’année 1965, la plateforme C avait été mise au point.  Ainsi, la Newport la partageait avec la 300, la New Yorker, la Dodge Polara et la Plymouth Fury.  Le dessin angulaire de la carrosserie n’était pas sans rappeler celui de la Lincoln Continental.  Les empattements avaient été augmentés de deux pouces, pour atteindre 124’’.  Les modèles étaient les mêmes que ceux de l’année 64.  La familiale avait été baptisée Town & Country et était devenue une série indépendante.

Le moteur de base était devenu le V-8 de 383 p.c., qui, quand il était alimenté par un carburateur à deux corps, avait une puissance de 270 ch.  En option, un carburateur à quatre corps augmentait la puissance à 315 ch.

Les modèles 1966 avaient reçu une nouvelle calandre, de nouveaux feux arrière et quelques autres changements mineurs qui permettaient de les différencier de leurs prédécesseurs.  La motorisation était demeurée la même, sauf la version avec un carburateur à quatre corps voyait sa puissance portée à 325 ch.  La nouvelle option,dans ce domaine, était le V-8 de 440 p.c.

La plateforme C avait été conservée, pour 1967.  Elle avait toutefois reçu de nouvelles tôles.  Les carrosseries deux portières à toit rigide avaient un nouveau pied C dont la pente était inversée vers l’arrière.  La Newport avait une nouvelle gamme plus luxueuse à offrir, soit la Newport Custom dont les prix de vente étaient supérieurs d’environ 150, $ à ceux de la Newport d’entrée de gamme.  Pour la première fois depuis le lancement de la Newport, la gamme complète des modèles, soit berline quatre portes, berlines deux et quatre portes à toit rigide et décapotable étaient offert au Canada.

Les Newport 1968 n’avaient, encore une fois, à offrir que des changements esthétiques mineurs, se limitant à sa calandre et à ses feux arrière.  Les mêmes modèles étaient inscrits au catalogue de vente.  Notre vedette fait partie de ce lot.  Elle appartenait au père de son présent propriétaire, M. Jean-Rock Couture.  M. Couture lui a fait subir une restauration complète, sur une période de quelques années.  Aujourd’hui, il l’utilise pour participer aux différentes activités du Club VACM.  Elle est tellement bien restaurée qu’elle semble sortir de la salle d’exposition d’un concessionnaire Chrysler, alors que son prix de vente était fixé à 4 514, $, avant taxe et options, bien sûr.