Si la Grand Prix 1963 témoigne du talent du stylicien en chef de General Motors, Bill Mitchell, l’originale, la Grand Prix 1962 témoigne du flaire de Semon E. « Bunkie » Knudsen en mise en marché. La Grand Prix a été un cadeau de départ de la part de Knudsen, après six ans à la tête de la Division Pontiac, en tant que directeur général. Sous son règne, Pontiac avait augmenté ses parts de marché, partant de la sixième place, en 1956, pour atteindre la quatrième et finalement la troisième, en 1962. Délogeant, au cours de sa montée, la Plymouth, qui occupait ce rang depuis des lustres. Une performance remarquable, pour une automobile de gamme intermédiaire. En créant la Grand Prix, Knudsen avait pris son inspiration de la Thunderbird, qui était devenue une automobile à quatre places, depuis 1958. D’ailleurs, plus particulièrement au cours des années cinquante-soixante. GM, malgré son gigantisme ou peut-être à cause de son gigantisme devenu sclérosant, était pratiquement toujours en réaction à ce que la Ford Motor mettait sur le marché. Des exemples ? Ranchero = El Camino, Falcon = Chevy II, Fairlane = Chevelle, Mustang = Camaro, pour n’en nommer que quelques-unes. L’idée de produire la Grand Prix était simple, en elle-même. Ils avaient utilisé une carrosserie de Catalina, en lui apportant quelques détails cosmétiques, tout en lui donnant des intérieurs à la Thunderbird, soit des sièges baquets et une console. Au départ, le nouveau modèle devait être conçu pour faire partie de la série Ventura. Dans les faits, elle a plutôt remplacé cette Série, qui n’a jamais connu beaucoup de succès. On lui a donc donné le nom français de Grand Prix, afin qu’elle profite de la gloire et de la renommée des courses de Formule 1 tenues en Europe, en plus de la signification intrinsèque du nom grand prix, en français
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Les différences entre elle et sa parente, la Catalina, étaient minimes. Une calandre légèrement modifiée, un panneau arrière ajouté, alors que les sièges baquets offerts en option sur la Catalina, faisaient partie de l’équipement attitré de la Grand Prix, tout comme la console et son compte-tour, ses instruments de bord et sa couleur unie extérieure et intérieure. La Grand Prix était toutefois plus grande que la somme de ses parties. C’est ainsi qu’elle a été mise sur le marché. Elle visait donc directement le créneau du marché ouvert par la Thunderbird. Pour sa motorisation, la Grand Prix pouvait compter sur pas moins de cinq versions du moteur V-8 de 389 p.c. de cylindrée. La puissance de ce V-8 avait une plage débutant avec 230 ch, pour se terminer avec le Tri-Power de 348 ch, qui comme son nom l’indique était alimenté par trois carburateurs à deux corps. Étant plus légère, en plus d’avoir un choix de moteurs plus puissants, la Grand Prix avait un avantage marqué sur la Thunderbird, en ce qui a trait à la performance sur les routes. Elle pouvait accélérer de 0 à 60 m/h en 8 secondes. La boite de vitesses, manuelle à trois rapports était fournie en équipement de base. Toutefois, la majorité des Grand Prix ont quitté l’usine avec une transmission automatique Hydra-Matic à trois rapports. Une option offerte à 231,00$. Pour le même prix, on pouvait obtenir une boite manuelle à quatre rapports. Pas moins de sept rapports de pont étaient offerts. Les acheteurs ne s’étaient pas bousculés aux tourillons des concessionnaires Pontiac, quand la Grand Prix s’y était présentée. Son prix de vente était assez costaud, à 4 894, $ CAN, mais il était toutefois moins élevé que celui de la Thunderbird à 5 757,$. Elle s’était cependant mieux vendue que la Oldsmobile Starfire, mais contre la Thunderbird, elle avait dû se contenter d’un rapport d’une Grand Prix, contre deux Thunderbird
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Par contre, les modèles 1963 s’étaient mieux vendus, grâce à une nouvelle carrosserie aux lignes plus pures. Comme les autres Pontiac, la Grand Prix avait des contours plus arrondis, mis en valeur par ses phares superposés. Ses flancs étaient libres de toutes sculptures, alors que son toit, très plat, était soutenu par les pieds A devenus droits, ils se terminaient par une lunette arrière concave. Les toits en forme de décapotable étaient devenus désuets, chez GM. Malgré que sa carrosserie n’ait été allongée que d’un maigre pouce et un tiers, l’ensemble paraissait beaucoup plus imposant. Cette impression de corpulence n’était pas que visuelle sur les Pontiac 1963. Leurs voies avant et arrière avaient été élargies de 2,9 pouces pour atteindre 64 pouces au total. Les publicitaires s’étaient emparé de ce détail, pour claironner haut et fort que la Pontiac avait les voies les plus larges de l’Industrie. Le poids de la Grand Prix demeura sensiblement le même, par contre, la puissance des moteurs était encore plus élevée, avec l’arrivée des nouveaux V-8 de 421 p.c., dont la puissance était de 353 ch, avec un carburateur à quatre corps et de 370, ch, pour la version Tri-Power. Le prix de cette option s’élevait à 400,00 $, mais par contre, le plus grand nombre de chevaux dans l’écurie permettait des prestations relevées. Les accélérations de 0 à 60 m/h se faisaient en 6,6 secondes, alors que le 389 de 303 ch prenait 10 secondes pour atteindre la même vitesse. Naturellement, aucune voiture n’est parfaite, ce qui inclut la Grand Prix 1963. La suspension était plutôt molle, la transmission Hydra-Matic avait encore ses problèmes de glissement, la jauge de dépression qui avait remplacé le compte-tour de 1962, était tellement mal placée qu’elle était virtuellement inutile, alors que l’option d’un toit de vinyle à 90,00 $ était une dépense discutable. Sur cette même liste d’options se retrouvaient également une suspension plus robuste et des roues en aluminium. La performance et le style étaient offerts à tous ceux qui en voulaient. C’est sans doute pour cette raison que les ventes ont connu une augmentation de 250 % en 1963. Un sommet qui n’a pas été égalé au cours des six années suivantes. Mais, ce dessin gagnant ne durera pas longtemps. Les modèles 1964 étaient simplement ceux de 1963 revus et corrigés par de modestes retouches, accompagnés par quelques changements mécaniques mineurs. Après cette période, toutes les Pontiac s’étaient mises à grossir et à migrer vers de nouvelles mensurations de plus en plus gigantesques. Il faudra attendre l’année 1969 pour revoir des Grand Prix capables d’offrir une allure sportive et luxueuse, comme elles l’avaient fait, lors de leur lancement, en 1962. C’est ce qui explique que les Pontiac Grand Prix 1962 - 64 commencent à soulever de plus en plus l’intérêt des collectionneurs.