PAIGE 6-42, 1921

Ecrit par René St-Cyr | 2012-02-07

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Les bases sur lesquelles a été construite la marque Paige remontent aussi loin qu’à la fin de l’année 1902.  C’est à cette période que les ingénieurs nommés E. O. Abboutt et W. K. Ackerman se rencontrèrent pour faire un remue-méninge, afin d’établir les règles de l’art pour construire la meilleure automobile possible. Ces derniers s’étaient réunis, à la demande de Henry M. Leland, avec plusieurs autres ingénieurs, dans un ancien hangar à tramways.  Le but de l’exercice était de terminer la conception de ce qui est devenu la marque Cadillac, ainsi nommée en l’honneur du fondateur de la ville de Détroit, soit le chevalier français Sieur Antoine de la Mothe Cadillac.  La voiture utilisée comme base de départ était celle construite par Henry Ford, alors qu’il travaillait a établir sa propre marque. Les deux compères n’étaient pas très enthousiasmés par la direction prise par Leland, qui voulait motoriser la Cadillac avec un petit mono cylindre de sa conception.  Pendant leur temps libre, ils construisirent un moteur de conception complètement différente à celui de Leland.  Il s’agissait d’un moteur deux-temps, trois cylindres d’une puissance de 15 ch.  Une fois le moteur perfectionné, ils étaient persuadés que ce dernier deviendrait la norme et que tous ceux qui se lanceraient dans la conception d’une nouvelle automobile l’adopteraient d’emblée.  Leur premier client fut la Reliance Automobile Manufacturing Company of Detroit, fondée en novembre 1903.  La voiture était une Touring, montée sur un empattement de 86 pouces, avec un prix de vente fixé à 1 250,00 $, soit environ 29 000,00 $ en dollars canadiens de 2012.  Avec un prix aussi costaud, il est inutile de dire que les clients ne se bousculaient pas dans les salles d’exposition des concessionnaires de Reliance.

Dès 1904, la compagnie Reliance était en manque de capitaux.  J. M. Mulky, l’un des plus gros investisseurs de la compagnie fut nommé au poste de président.  Il était toutefois devenu rapidement évident que Mulky n’avait pas l’étoffe pour régler les problèmes qui assaillaient la compagnie.  Il fut remplacé, à ce poste par Frederick Osgood Paige, dès 1905.  Ce dernier avait débuté sa vie professionnelle en tant que simple comptable, dans la région de Détroit, pour devenir plus tard, l’un des membres influents de compagnies d’assurance telle que la Mutual Life et la Hartford Life Insurance. Un nouveau modèle fut offert, avec un moteur plus puissant de 18/22 ch, alors que son empattement passait à 92 pouces.  Le prix de vente demeura le même, 1 250,00 $.  Les ventes reprirent, en 1906.  La nouvelle prospérité permit de mettre sur le marché le nouveau Modèle C suivi du Modèle D, les deux avec toujours le même prix de vente, 1 250,00 $.  Emportés par un enthousiasme délirant, les gestionnaires mirent sur le marché la Reliance Modèle E, montée sur un empattement de 109 pouces, motorisée par le même moteur trois cylindres, dont la puissance avait été augmentée à 28 ch., tout comme son prix de vente qui grimpait à 2 500,00 $.  Avec un prix aussi élevé, les ventes cessèrent et la compagnie était, de nouveau, menacée de fermeture.  Fred  Paige eut l’idée d’utiliser le châssis de la E, pour en faire un camion.  Son succès, bien que limité, fut immédiat.  Le conseil de direction décida donc d’abandonner la production automobile, pour se consacrer, à partir de février 1907, à la fabrication de camions.  La compagnie survécut assez longtemps pour être achetée par William C. Durant, en 1909, et être absorbée par General Motors. Frederick O. Paige se retrouva en chômage.  Il ne le demeura toutefois pas très longtemps.  Andrew Bachle, un ingénieur automobile l’approcha avec une nouvelle voiture qu’il venait de concevoir.  Tout ce dont il avait besoin, pour pénétrer dans le nirvana de l’automobile, était les capitaux nécessaires à son lancement.  Un de ceux qui avaient été approchés était Harry Mulford Jewett.  Jewett, qui avait fait fortune dans le commerce du charbon, se montra intéressé.  Après une balade à bord du prototype, il décida d’investir, avec quelques amis, la somme de 100 000, $ et de fonder une nouvelle compagnie, qui porta le nom de Paige-Detroit, au cours de l’été 1909.  La confiance envers Fred Paige était telle qu’il fut nommé président de la nouvelle compagnie homonyme, grâce à son expérience acquise chez Reliance Motor Car. Quand le prototype, destiné à la fabrication industrielle, fut présenté, la beauté de son dessin et sa construction solide attirèrent l’attention des acheteurs potentiels, alors que la réputation de Harry Jewett et de ses amis convainquait plusieurs hommes d’affaires à devenir des concessionnaires, étant persuadés que la voiture serait de bonne qualité.

La Paige-Detroit 1910 était motorisée par le trois cylindres deux-temps de 25 ch.  Son châssis avait un empattement de 90 pouces, alors que sa voie était de 56 pouces.  Il était monté sur des pneus de 32 X 3.  Le système de refroidissement du moteur était du type thermosiphon, alors que sa boite de vitesse était de type baladeur.  Son embrayage était en cuir monté sur un cône et ses freins étaient des sabots à l’intérieur d’un tambour, doublés de bandes extérieures. Présenté au public avec beaucoup de fanfares, insistant sur sa qualité de fabrication, la Paige, dont le prix de vente était fixé à 800,00 $ (16 600,00 $ en 2012), connu un départ assez encourageant, avec 302 voitures de vendues, au cours de la première saison de production.  Les célébrations furent toutefois de courtes durées.  Les premières voitures étaient à peine vendues que les bureaux de la compagnie furent pratiquement pris d’assaut par des clients mécontents, et même exaspérés, par le peu de fiabilité de leurs nouvelles acquisitions, qui tombaient en panne à pratiquement tous les coins de rue. Après examens, Harry Jewett réalisa le sérieux de la situation.  Lors d’une réunion du Conseil de direction, il en fit part à ses collègues et demanda à Paige de trouver des solutions, le plus tôt possible, afin d’améliorer la qualité des automobiles assemblées à son usine.  Quelques mois plus tard, en juillet 1910, il était évident qu’aucun progrès n’avait été enregistré, à un point tel que la faillite était devenue une possibilité plus que probable.  Les membres du Conseil mirent donc Paige à la porte et élurent Harry Mulford Jewett pour le remplacer. Aussitôt en poste, Jewett fit interrompre la production.  Il négocia une entente avec les créanciers pour les faire patienter, puis, mit la plupart des responsables de l’usine à la porte, pour les remplacer par de plus compétents.  Il décida de remplacer le moteur trois cylindres, à deux temps, par un quatre cylindres, à quatre temps.  Au cours des mois suivants, il se débarrassa de pièces et de machineries, jugées de qualité inférieure, pour une valeur de 250 000, $.  Il demanda aux actionnaires de la compagnie un investissement supplémentaire de 25 000, $ et fit augmenter le capital social de 100 000, $ à 250 000, $.

La nouvelle Paige était une voiture de bonne qualité et les acheteurs répondirent en conséquence.  Les ventes de 4 631 en 1914 passèrent à 12 456 en 1916.  Le premier moteur six cylindres arriva en 1915.  À partir de 1916, seul le moteur six cylindres était offert.  La compagnie Paige multiplia le nombre de modèles offerts, en leur donnant des noms exotiques comme Beverly, Kenilworth, Brooklands, LaMarquise, Glenwood, etc.  Une grande partie de ces modèles avait des carrosseries de type sport.  Mais, au cours de ces années, les Paige étaient reconnues de plus en plus pour le style chic et gracieux du dessin de leurs carrosseries.  Ce fait décida les gestionnaires de la compagnie, de faire fi de leurs humilités, et d’annoncer la Paige comme étant; ‘’ La plus belle automobile en Amérique’’.  Rien de moins. Après plus de dix ans de production et de vente, la compagnie Paige avait établi son créneau du marché dans le haut de la gamme intermédiaire.  Les ventes augmentèrent lentement pour se situer à environ 16 000 véhicules par année, à partir de 1917.  Malheureusement, la fin de la guerre 14-18 fit entrer le monde dans une courte dépression.  C’est ainsi que les ventes diminuèrent pour connaitre un creux à 8 698, en 1921, soit l’année que la vedette de ce mois a été assemblée.  Cette dernière a été trouvée par M. Fernand Baillargeon, de regrettés mémoires.  Elle avait un millage assez bas et très peu d’usures.  Elle a été quand même restaurée entièrement.  Aujourd’hui, elle appartient à M. André Foisy, qui en est devenu propriétaire, il y a quelques années.  

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