La Studebaker GT Hawk 1962 avait reçu le plus brillant changement cosmétique de la décennie. De plus, ce changement avait été fait avec un budget de famine, par le stylicien Brooks Stevens, comme suite à une commande passée par Sherwood Egbert, un jeune gestionnaire compétent, débauché de chez McCulloch. Ce dernier avait été nommé au poste de président de la compagnie Studebaker, au début de l’année 1961, avec comme mission de sauver la compagnie de la faillite. Contrairement à Harold Churchill, qu’il remplaçait, Egbert aimait les voitures sport. Il conduisait une Mercedes 300 SL Gullwing, quand il n’était pas occupé à tester une Studebaker. Egbert demanda à Stevens s’il pouvait transformer la Lark et la Hawk, avec un budget de seulement sept-millions de dollars pour rééquiper la chaine de montage. Il accepta et releva le défi, avec brio. La Lark avait été améliorée, dans le processus, alors que la Hawk, elle, avait été transformée. Ses ailerons, devenus démodés, avaient été pratiquement rasés. Son toit a été changé pour un autre dont la forme était inspirée par celui de la Thunderbird, alors que les dessus de ses ailes étaient couronnés par une baguette chromée, comme la Lincoln Continental. La Hawk était remarquablement belle et en plus, pas très onéreuse à fabriquer. Par exemple, sa lunette arrière enchâssée, en plus de lui donner une forme épurée, évitait d’avoir à créer l’outillage pour lui fabriquer un cadre. La fausse grille à l’arrière, en plus de donner du style à la voiture, servait à cacher le panneau strié, qui était présent, depuis 1956. Les baguettes de flanc chromées avaient toutes été enlevées, remplacées par deux autre, qui étaient appliquées sur les bas de caisse, alors que les lèvres des passages de roues étaient enjolivées par des baguettes chromées. L’avant de la voiture était dénudé. Stevens avait demandé que les enjoliveurs des phares soient peints de la même couleur que la voiture. Toutefois, sa demande ne sera exaucée qu’en 1963, car des enjoliveurs chromés étaient déjà présents en grande quantité, dans les entrepôts de l’usine. Il conçut une nouvelle calandre, avec une enveloppe chromée, qui faisait ressortir l’avant. Ce cadre de calandre était fait de métal embouti, plutôt que coulé, comme l’ancienne. Stevens élimina les entrées d’air sur le capot et les grillages chromés sur les côtés. Il voulait également changer les enjoliveurs de roues, mais encore une fois, les vieux enjoliveurs de 1961 étaient disponibles en grande quantité et la compagnie voulait les écouler. Aux yeux de Brooks Stevens, la planche de bord a été une belle réussite. Il l’avait divisée en trois plans. Il avait regroupé les instruments de bord devant le conducteur, ce qui est normal. À la droite des instruments, il avait ajouté une feuille de métal perforé, afin de créer une illusion de flottement. Une bande, en aluminium brossé était fixée sur les portières avant et sur les panneaux de garnissages, à l’arrière, afin de prolonger le dessin du panneau de bord autour des passagers. La planche de bord surélevée permettait de cacher le hautparleur. Aucune de ces caractéristiques ne se retrouvait à l’intérieur des voitures fabriquées par Ford ou GM. Le motif du métal troué se retrouvait sur les décorations imitant les cerceaux d’un toit de décapotable. Ces cerceaux soutenaient la garniture de pavillon, confectionnée de vinyle blanc.
Les changements apportés à la Hawk GT 1963 furent mineurs. La grille de la calandre rappelait le dessin d’un damier, semblable à celui de la Lark. Les deux ouvertures, de chaque côté de la calandre, furent obstruées par des grilles traversées par une petite barre chromée dont l’extrémité se terminait par un feu de position, rond, avec une lentille de couleur ambre, afin de se conformer à une nouvelle loi, prenant effet, en 1963. À l’intérieur, la planche de bord était recouverte de simili bois, alors que la sellerie confectionnée de vinyle côtelé était remplacée par du vinyle plissé, de meilleure qualité. Voulant sans doute se donner des airs d’Européennes, la GT Hawk 1963 affichait sur ses portières et sa calandre des écussons de couleurs : rouge, blanc et bleu. L’angle de son panneau arrière avait été inversé, ce qui transformait l’apparence de ce qui semblait être une fausse grille à l’arrière pour la changer en une simple décoration. L’usine de Studebaker, située à South Bend, Indiana, ferma ses portes à la fin de l’année 1963, après avoir construit seulement 1767 de la dernière mouture des GT Hawk 1964. Ces dernières sont devenues très recherchées à cause de leur rareté et de leur statut de dernières représentantes d’une marque distinguée. Les modifications habiles apportées à la Gran Turismo Hawk, 1964, étaient les plus sophistiquées à avoir été apportées, au cours des trois années de production. À l’extérieur, Stevens créa l’illusion d’un landau, avec l’arrivée d’une option qui consistait en un toit de vinyle appliqué à la section avant du toit. À l’arrière, il modifia le panneau arrière et changea le couvercle du coffre en lui donnant un profil plus doux, plus naturel. Il ajouta également plus de brillants. Les boitiers des feux de position arrière étaient maintenant chromés, un emblème composé d’un S contenu dans un cercle chromé, trônait sur le capot, alors que des faucons stylisés étaient fixés à la calandre et aux panneaux de custode. À l’intérieur, le tableau de bord était devenu noir mat. Cette dernière mouture de la Gran Turismo GT avait reçu le même accueil positif de la part de la presse automobile. Elle était une voiture confortable, capable de voyager à haute vitesse, offrait des équipements attrayants, des instruments de bord complets, des intérieurs luxueux et un style bien défini. Des essais routiers tenus à l’époque, avec une Hawk motorisée par le V-8 289 R2 de l’Avanti, faisaient état d’accélération de 0 à 60 m/h en 6,7 secondes et de 0 à 90 m/h en moins de 14 secondes. Sur la route, elle parcourait environ 16 milles, avec un gallon US d’essence, ce qui était, pour l’époque, assez remarquable. La GT Hawk avait des sièges baquets, en tissus ou en vinyle, un dossier réglable était offert en option. Le V-8 289 de 210 ch était la motorisation ordinaire, alors que la version de 225 ch était offerte en option. Toutefois, quelques Hawk exportées hors des États-Unis étaient motorisées par le six cylindres. Les autres options comprenaient la transmission manuelle Borg-Warner, à quatre rapports, un surmultiplicateur, un climatiseur, des vitres à commandes électriques, la servodirection, le servofrein. Une Hawk GT avait normalement une vitesse maximale de 105 m/h et accélérait de 0 à 60 m/h en 11 secondes, avec une boite automatique et un poil de moins, avec une transmission manuelle. Malheureusement, cette belle voiture ne s’est vendue qu’en seulement 9 335 exemplaires, en 1962. Les clients sentaient sans doute que Studebaker était sur son lit de mort. Les acheteurs se défilaient des concessionnaires aussi rapidement que ces derniers le faisaient de la compagnie Studebaker, pour prendre d’autres marques. La Hawk GT 1963, avec les changements qu’on lui avait apportés, était dans l’ensemble une meilleure voiture, mais elle a été vendue en seulement 4 634 copies, incluant environ 1 000 au Canada et dans d’autres pays. Bien que Brooks Stevens avait déjà proposé une toute nouvelle GT Hawk 1965, le départ de Studebaker de South Bend, à la fin de 1963, avait mis fin aux rêves. Bien que cette GT 1965 n’aurait certainement pas sauvé Studebaker du désastre. Par contre, elle aurait été certainement une voiture mémorable, autant que ses prédécesseures l’ont été.