La seule décapotable, quatre portières des années 60, en Amérique, ne termina pas la décennie. Toutefois, sa disparition n’était pas causée par le fait qu’elle ne pouvait pas se conformer aux exigences des nouvelles lois fédérales, promulguées, sur la sécurité routière, concernant la construction des véhicules routiers. La Lincoln décapotable était aussi sécuritaire que la Lincoln berline, ou que les autres marques contemporaines. Son plus gros défaut était qu’elle ne se trouvait pas suffisamment d’acheteurs. Pour combler le vide, en 1958, la compagnie se préparait à lancer une Lincoln beaucoup plus attrayante, en utilisant le mythique vocable Lincoln Continental Mark III. Cette coupée à toit rigide était montée sur un empattement plus court à 117,2 pouces. Elle attira deux fois plus de clients que la Lincoln 1967 décapotable, en seulement six mois de production.
Cette production ne représentait que 17 % des ventes de Lincoln, en 1968, qui se chiffraient à 39 134, soit légèrement inférieures à celles de 1967, qui s’élevaient à 46 904. La Mark III augmenta ses ventes à plus de 23 000, en 1969. Cependant, le pain et le beurre provenaient de la vente des Lincoln Continental, berline, qui occupaient près des deux tiers du chiffre d’affaires de la marque.
Cette berline, et sa compagne à toit rigide, avaient conservé la même silhouette que la Lincoln 1961, dont le dessin lui avait mérité un prix décerné par l’Industrial Design Institute, pour la pureté de son dessin. Toutefois, la carrosserie fut modifiée, pour répondre aux nouvelles normes qui exigeaient que les feux de position, avant et arrière soient visibles des côtés. Une autre loi exigeait que tout objet faisant sailli de la carrosserie soit enlevé, afin de ne pas blesser un piéton, lors d’accidents. C’est ainsi que la Lincoln avait perdu son étoile fixée sur le bout de son capot. Elle avait migré sur sa calandre. Heureusement pour Lincoln, aucune loi n’avait été prévue pour bannir les panneaux de custode, trop larges, qui nuisaient à la visibilité.

D’autres changements durent être apportés, à l’intérieur de l’auto, toujours pour répondre aux exigences des nouvelles normes de la sécurité routière. Les poignées des portières étaient devenues encastrées dans la portière. Des ceintures de sécurité avaient été ajoutées, pour les passagers avant et la colonne de direction était rembourrée. Toutes les surfaces réfléchissantes avaient été remplacées par des peintures mates ou des surfaces non réfléchissantes. La planche de bord était de couleur noire. Les instruments de bord se limitaient à l’indicateur de vitesse et l’indicateur de niveau d’essence. Un appliqué, en imitation de noyer et quelques touches de cuir, sur les portières, réchauffaient un peu l’ambiance.
Un autre changement fut apporté, sous le capot, cette fois pour couper la pollution des gaz d’échappement. Il s’agissait du tout nouveau moteur V-8 460, soit le plus gros des deux moteurs de la Série 385. Le moteur V-8 429 de la Thunderbird était le second. Ces moteurs avaient été construits spécifiquement pour réduire la pollution des gaz d’échappement. Bien que sa cylindrée était de 460 p. c. soit deux pouces cubes de moins que la version précédente du V-8 462, sa puissance était supérieure de 15 ch, avec un couple égal.. Il était alimenté par un carburateur à quatre corps et son taux de compression était de 10,5:1. Ses soupapes étaient très larges et inclinées, dans la chambre de combustion. Son bloc-moteur avait des parois minces, afin de réduire son poids au maximum.
Comme d’habitude, la Lincoln arrivait avec la nouvelle transmission automatique nommée C-6. Chez Lincoln, on préférait lui donner le nom de Multi-Drive. Les autres équipements étaient sensiblement les mêmes que ceux offerts au cours des années précédentes, sauf pour la radio AM/FM stéréo, les appuis-tête et le dégivreur de la lunette arrière, qui étaient nouveaux, sur la liste d’options.
Les ventes des Lincoln Continental 1969 avaient atteint sensiblement le même niveau que celles des modèles 1968. Les changements esthétiques étaient peu nombreux. La calandre avait été modifiée. Elle était surmontée par le nom CONTINENTAL, écrit en lettres détachées, sur l’avant du capot. Le parechoc avant était plus massif, ce qui porta la longueur hors tout de la voiture à 224,2 pouces.

Parmi les autres changements, apportés au nouveau modèle, il faut inclure les intérieurs, nouveaux, et les modifications apportées au tableau de bord, par exemple les contrôles du climatiseur étaient devenus des boutons poussoirs, les gicleurs des lave-glaces étaient doubles et le système de frein à deux circuits, devenu obligatoire, en 1968, comme suite à la promulgation de nouvelles lois, en sécurité routière.
Une chose qui sera très pertinente pour les ventes futures de la marque Lincoln est l’arrivée de la nouvelle option, pour les intérieurs, identifiée sous le nom de Town Car. Cette option, était inspirée de celle conçue pour décorer une voiture concept, produite quelques années plus tôt. Elle comprenait des intérieurs avec des sièges et les panneaux de garnissage confectionnés de cuir et de vinyle, accompagnés de tapis en peluche, sous une voute tricotée, en nylon.
Le lancement de la nouvelle Lincoln Mark III, en 1969, avait ravivé les ventes qui avaient grimpé à plus de 61 000. Par ailleurs, Cadillac était toujours en avant. Mais, Lincoln continua à hausser la qualité de ses voitures et d’augmenter ses ventes, tout au long des années soixante-dix, en continuant de poursuivre la même philosophie de production, tout en faisant évoluer et moderniser le dessin de la Lincoln qui avait été responsable de sa renaissance des années soixante.